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The Architect

L’œuvre de Marc Bauer se construit sur une pratique élargie du dessin. Cet ouvrage est publié à l’occasion des trois expositions consacrées à Marc Bauer par le Frac Auvergne, le Frac Alsace et le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il est accompagné d’un livret qui contient un essai de Jean-Charles Vergne et un entretien de l’artiste avec Sophie Delpeux.

Information

Marc Bauer
The Architect

Dans les narrations qu’ils retracent, les dessins de Marc Bauer ne comportent ni datation ni chronologie, ils obéissent à un montage achronique. Dans cette absence de début et de fin se développe une logique qui doit se réécrire à chaque fois. Avec ses effacements et ses recouvrements, le dessin est porteur de la prochaine image à venir, dans un mouvement mental qui évoque la fragmentation, l’instabilité et l’insaisissabilité de la mémoire.

Dans sa relation à la mémoire et au cinéma, Marc Bauer explore ainsi une dimension intrinsèque du dessin pensé comme langage et médium autonome. Dans une interview de 2004, Jean-Luc Godard ajoutait: «Les gens disent le cinéma, mais en fait ils veulent dire les films. Le cinéma, c’est autre chose. Il y a une anecdote, je ne sais pas si elle est vraie, sur Cézanne. Il peint pour la centième fois la montagne Sainte- Victoire. Quelqu’un passe et lui dit: Oh, elle est belle, votre montagne! Cézanne répond: Foutez-moi le camp, je ne peins pas une montagne, je peins un tableau.»

Le livre The Architect est publié à l’occasion des trois expositions consacrées à Marc Bauer par le Frac Auvergne, le Frac Alsace et le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur. Prolongeant les thèmes fondateurs de l’artiste, il s’accompagne d’un livret comprenant «Cinerama», un essai de Jean-Charles Vergne, directeur du Frac Auvergne, et un entretien de Marc Bauer avec Sophie Delpeux, Maitre de conférences à l’Université Paris I.

L’exposition «Cinérama» est présentée au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur du 4 juillet au 31 octobre 2015.
=> Pour consulter l’Annonce Agenda de l’exposition, cliquez ici.

«Si l’œuvre de Marc Bauer concerne le dessin, affirmer que l’artiste suisse est un dessinateur procède néanmoins d’une réduction tant celui-ci est parvenu à développer les potentialités de ce médium. Il serait en effet plus juste de dire que Marc Bauer utilise le dessin — sa lenteur, son adéquation à tous les types de supports, son économie de moyens — comme un langage à part entière expérimenté sur les supports les plus attendus ( le papier ou les murs, pour les œuvres in situ), également transposé vers d’autres techniques (papier-peint, sticker autocollant, diaporama), jusqu’à atteindre la lisière d’autres langages — lorsque le crayon est remplacé par de l’huile noire appliquée sur plaque de Plexiglas dans une perspective cinématographique. Ses dessins se manifestent dans l’hypersensibilité de leur forme, dans une constante vibration entre une dureté du trait et une fluidité presque liquide de motifs ajourés, perforés, fragilisés par son utilisation si particulière de la gomme — l’effacement ayant une importance essentielle dans sa pratique, principalement fondée sur les relations entre la mémoire et l’Histoire.

Etre devant un dessin de Marc Bauer est une expérience du trouble car rien dans ses œuvres n’est jamais complet, rien n’est jamais donné entièrement: le spectateur est toujours le regardeur d’une réalité trouée, comme passée à la perforeuse, comme floutée derrière un filtre polarisant et déformant. Les lacunes qui parsèment la surface de ses dessins, l’incomplétude des images, l’effondrement régulier de la figure vers une abstraction organique, insufflent aux œuvres une charge émotionnelle puissante, souvent scandée par la présence de textes lapidaires, parfois violents, qui en appellent à une poétique singulière, mélancolique autant que vénéneuse.» (Jean-Charles Vergne)