ART | EXPO

Télémétries, artistes et télévision

08 Fév - 26 Mai 2007

Alors que la télévision constitue un élément dominant de notre culture et un outil non moins important pour le pouvoir politique, la galerie de Nanterre se penche cette saison sur le regard que posent les artistes sur l’écran cathodique.

 Nam June Paik, Robert Filliou, Brahim Bachiri, Hakeem B, Christian Barani, Thomas Barbey, Raphaël Boccanfuso, Klaus Vom Bruch, Roderick Buchanan, Daniel Buren, Alain Clairet/Anne-Marie Jugnet, Claude Closky, Sophie Coiffier, Richard Compte, Loïc Connanski, Eddie d, frédéric dumond, Philippe Fangeaux, Esther Ferrer, Mike Fisher et Michael Smith, Harrell Fletcher, Germain Huby, Philippe Hurteau, Marion Lachaise, Franck Leonard, Olivier Leroi, Edouard Levé, Jean-Claude Loubières, Allan Mc Collum, Hamid Maghraoui, Sabine Massenet, David Ortsman, Pippilotti Rist, Nicolas Schöffer, Françoise Valéry, Uri Tzaig.
Télémétries, artistes et télévision

Une exposition qui interroge la télévision. Des œuvres rares. Des artistes internationaux. Alors que la télévision constitue un élément dominant de notre culture et un outil non moins important pour le pouvoir politique, la galerie de Nanterre se penche cette saison sur le regard que posent les artistes sur l’écran cathodique.
L’ensemble des vidéos, des installations, des peintures et dessins présentés dans la galerie du Parc des Anciennes-Mairies a été emprunté auprès des collections publiques et des artistes, notamment auprès du Centre Pompidou et de nombreux centres d’art nationaux. Elle présentera quelques œuvres historiques (Video Fish de Nam June Paik, ou Trilogie (video-Univercesity : Grâce à Fourier), de Robert Filliou, deux installations-vidéos de 1979) mais essentiellement des œuvres plus récentes, la plupart réalisées dans les 25 dernières années, dans ce moment particulier où la vidéo a basculé dans le grand public avec la démocratisation des outils de réalisation et de production.

«Télémétries» présente des expériences temporelles très hétérogènes, en réunissant des installations, des vidéos monobandes, des peintures, des dessins, de la photographie, de la littérature et des livres d’artistes. Depuis l’apparition de la télévision, les artistes ont questionné ce média en s’en emparant de multiples façons, le plus souvent de manière critique. Ils ont travaillé le rythme si particulier de la télévision, la manière dont elle remplit le temps, dans un flux hétérogène pénétrant toujours plus avant l’espace domestique et le temps social. Cette véritable «machine de guerre» à détourner les actes et à occuper les esprits est, depuis une bonne vingtaine d’années, un lieu fermé à tout ce qui ne correspond pas à ses canons esthétiques/économiques, et/ou à ce qu’elle ne produit pas en propre. Hors quelques rares émissions dites de création, et sur des chaînes à petite audience, l’économie télévisuelle contemporaine rejette l’autre. Dont acte.

Les artistes ont, de facto, une position d’observateurs extérieurs — puisqu’ils ne peuvent plus (à la différence de quelques rares expériences dans les années 50/60/70) créer des programmes qui s’insèrent dans le flux télévisuel. La télévision devient ainsi matériau de travail, matière première pour les artistes, qui en utilisant des fragments de ce que la télévision émet sans discontinuité, prennent position en créant d’autres rythmes, d’autres logiques à partir de programmes formatés, essentiellement réalisés pour se succéder les uns aux autres.
En utilisant une partie de ce que la télévision produit (et dans toutes ses dimensions sociales, esthétiques, politiques…), les artistes sont déjà à distance, ralentissant de fait le temps, revenant sur certaines dimensions, utilisant a contrario le flux télévisuel comme un lieu de réflexion et de travail. Ils mettent en forme une mémoire de ce qui n’est destiné qu’à emplir le présent et à disparaître, et créent de la pensée.

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