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Survivance des lucioles

10 Fév - 03 Avr 2010
Vernissage le 09 Fév 2010

L'usage de la photographie, des nouvelles images, de la création sonore et de dispositifs d'installation permettent à Laurent Pernot d'expérimenter divers processus temporels, poétiques et immersifs. Les images agissent selon lui comme métaphores du vivant et de la mort, dans leur capacité à invoquer à la fois la présence et l'absence.

Communiqué de presse
Laurent Pernot
Survivance des lucioles

Le titre de l’exposition « Survivance des lucioles » est d’abord une référence à un récent ouvrage du philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman.

Dans ce dernier, l’auteur étudie particulièrement les rapports entre les puissantes lumières du pouvoir et les lueurs survivantes des contre-pouvoirs, abordées par le cinéaste Pier Paolo Pasolini et le philosophe Giorgio Agamben, tout en évoquant les lucioles comme des petites lumières (lucciole), témoins nocturnes et lumineux de l’amour, espoirs et constellations; « Les petites lucioles donnent forme et lueur à notre fragile immanence ». Ce titre renvoie aussi particulièrement aux oeuvres présentées, qui ont la particularité d’apparaître et de palpiter dans le noir.

L’exposition s’ouvre sur une première pièce lumineuse, un texte en tubes néon, visible sur la façade extérieure du Lux: Vous ne mourrez jamais. Interpellant les passants, la nature ambivalente de ce message annonce d’emblée aux visiteurs l’entrelacement de la mémoire et de la disparition, la proximité de l’absurde et du tragique.

Le film d’animation Le Quid (2007) ainsi que l’installation interactive Chronorama (2007) font appel à un imaginaire culturel ancien, où quête de l’invisible et magie de la lumière se rencontrent. Dans le premier, un jeune garçon évolue dans un monde régi par des lois incompréhensibles, en émettant des « rayons de lumière » de façon intermittente.

En référence à une théorie répandue dans l’Antiquité selon laquelle la vision consistait en un rayon de lumière émis par l’oeil (Le Quid), cette oeuvre a pour point de départ une interrogation sur le phénomène de la projection.

Dans la seconde, une interactivité subtile fait référence au praxinoscope de Reynaud (breveté en 1877), appareil de projection inspiré de la lanterne magique qui fonctionnait grâce à une manivelle, c’està- dire grâce à l’intervention humaine. En l’absence de spectateur, la vidéo ne montre qu’une mer légèrement éclairée à l’horizon.

Puis, lorsque quelqu’un pénètre la zone de sensibilité de l’installation, les rayons d’une lumière zénithale commencent à balayer la surface de l’eau, accompagnés, si le spectateur continue à se déplacer, d’un voilier blanc presque translucide, tel un vaisseau fantôme ou une apparition spectrale. Et s’il n’y a plus de mouvement dans la salle, le bateau retourne au néant. Ainsi, le phénomène de l’apparition est mis en relief par cette allusion aux origines du cinéma.

L’installation vidéo The uncertainty of stars (2007) révèle des particules de lumière projetées sur un écran de fils, qui composent et décomposent les formes d’un corps humain, et où la nature des mouvements qui animent chaque corps révèle une instabilité équivalente à celle des étoiles. La présence sensible de lucioles est également perceptible dans l’oeuvre Le ciel est devenu noir, une photographie rétro-éclairée où une ville apparaît mystérieusement plongée dans l’obscurité… Une dernière image propice au rêve.

Lorsqu’il fait grand jour, les mathématiciens vérifient leurs équations et leurs preuves, retournant chaque pierre dans leur quête de rigueur. Mais quand vient la nuit que baigne la pleine lune, ils rêvent, flottant parmi les étoiles et s’émerveillant au miracle des cieux. C’est là qu’ils sont inspirés. Il n’y a sans le rêve ni art, ni mathématiques, ni vie.

La vidéo inédite, The same (thing) elsewhere, présente une gravure de Francisco de Goya extraite d’une série de quatre vingt deux planches intitulée Les Désastres de la guerre. L’image originale montre des corps étendus comme de lourdes branches au sol, corps broyés par la douleur, tordus par la guerre, et qui ont été dessinés par Goya dans un style sobre et net. Mais dans cette vidéo, les corps sont éclairés par une lueur puissante dans le ciel, qui s’apparente à une comète.

Comme une apparition lumineuse incongrue au-dessus de cette scène de désolation où les rayons affleurent et réchauffent la surface des corps morts, cette comète suggère le caractère absurde d’une telle situation qui ne cesse pourtant de se répéter, en supposant toutefois une autre temporalité possible, un nouvel horizon, une lueur inattendue.

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