ART | EXPO

Still a life

09 Avr - 28 Mai 2016
Vernissage le 09 Avr 2016

Avec l’artiste Sébastien Gouju, la nature fait pleinement partie du décor, fantasque et audacieuse, elle se débride au gré des installations. L’exposition «Still life» à la galerie Semiose donne à voir des univers truculents qui hybrident la rigidité du réalisme prosaïque au contact de références fantastiques.

L’œuvre de Sébastien Gouju est composée d’une multitude de mécanismes ludiques et critiques. Parce qu’il est avant tout question de perception, de processus et d’appréhension, il sollicite un imaginaire et une sensibilité qui peut sembler en voie de disparition. Pour cela, il jongle habilement avec les références, les territoires et les époques afin de nous amener à prêter davantage attention aux formes et aux objets. Il nous invite à repenser le réel en s’appropriant plus particulièrement des objets et des motifs provenant d’une imagerie populaire et domestique.

Dans l’exposition «Still life» à la galerie Semiose les installations remodèlent souvent l’espace domestique avec une fantaisie débridée suscitant des sentiments mêlés, entre la connivence du clin d’œil et l’inquiétude face à l’animation intempestive d’un décor d’ordinaire si policé.

Ici les oeuvres se déploient dans un univers où les associations incongrues fusent. Qu’il s’agisse d’un bassin aux nymphéas – soit Giverny de Monet rendue aux dimensions d’une vasque de lavabo –  ou encore, pour les amateurs de contes de fées, d’une baguette magique, simple branche ramassée, à l’extrémité de laquelle se referme une étoile de mer, Sébastien Gouju s’empare du procédé associatif pour jouer avec les frontières du prosaïsme et du fantastique. Ses installations ont toutes pour point commun de prendre corps dans le registre du familier – caractère courant des objets, réalisme de leur restitution.

Pourtant si l’univers de Sébastien Gouju résonne d’échos surréalistes, il n’en est pas moins solidement ancré dans notre temps, celui de la séparation consommée entre l’homme et la nature et du succès croissant des grands magasins de bricolage. Dans leurs allées, on croise en effet des galets à carreler, du gazon en tapis, des bambous à poser aux murs, des fauves en coussins, sans parler de tout le nécessaire pour entretenir des fragments de végétation confinée en appartement.

Ce dont l’homme s’entoure, l’environnement qu’il se fabrique, son cadre de vie: voilà ce que Sébastien Gouju met en jeu dans ses sculptures et ses expérimentations picturales, lesquelles associent, sur le mode du collage, des représentations de divers objets, de plantes ou d’animaux, qui par la juxtaposition se transforment en motifs. L’artiste offre à l’imagination des hybridations non encore advenues ou des emblèmes de notre civilisation légèrement transformés.

L’exposition «Still life» propose de riches sujets de réflexion, à la croisée du quotidien et de la fable. Dans cet univers, les hirondelles ne volent pas pour annoncer le printemps, mais les rossignols se cognent contre les murs et y restent fichés ; les récipients ne s’adaptent pas à la conformation de leurs utilisateurs, comme dans La cigogne et le renard de Jean de La Fontaine, ce sont des volatiles qui en sortent leurs têtes. Toute une basse-cour surgit ainsi de pichets plus ou moins ornés. Il y va là tant de l’anthropomorphisme qui se manifeste dans les objets que du règne animal sur lequel l’homme n’a cessé d’étendre sa domination, mais qui toujours fait retour, camouflé même dans l’élément de décor ou l’objet utilitaire le plus insignifiant.

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