ART | EXPO

Roberto et les autres

14 Avr - 04 Juin 2016
Vernissage le 14 Avr 2016

«Veridis Quo», le dernier film de Lola Gonzàlez est projeté à la galerie Marcelle Alix jusqu’au 4 juin. Tous les films de Lola Gonzàlez se caractérisent par leur authenticité et leurs formes visuelles construites. De l’individu vers le commun, cette dernière oeuvre nous questionne sur la puissance du collectif et ses incoutournables limites.

Lola Gonzàlez
Roberto et les autres

Voilà environ huit ans que la jeune artiste Lola Gonzàlez fait participer ses proches à ses projets artistiques. Chaque film qu’elle réalise invente celui d’après, déployant ainsi une forme d’obsession, travaillée chaque fois sous un angle nouveau. Comme un rituel magique, les films de Lola Gonzàlez s’ouvrent sur ces jeunes gens tournés vers l’extérieur, vers le paysage. Un synchronisme s’installe et crée une situation où la communication passe par les corps qui se frôlent et se touchent volontairement.

Le point de départ est toujours le même. Quatre personnes, dix, parfois plus, vivent recluses loin des villes. Impossible de savoir qui elles sont, ni ce qui les retient ensemble. Déserteurs, utopistes, mercenaires endoctrinés ? Leur seule exigence semble celle d’apprendre à vivre ensemble, de s’accorder intuitivement pour s’approcher au plus près d’une juste coexistence. Ce qui compte, c’est le rapprochement. Il y a pourtant peu de paroles, même les repas se déroulent en silence. Non pas que tous se comprennent déjà intimement, mais l’enjeu est ailleurs – dans la construction d’un mouvement partagé.

Il leur faut apprendre à fonctionner ensemble, développer une syntaxe collective jusqu’à pouvoir se passer de la vue. Frôler pour être compris, se laisser basculer en confiance, confondre sa voix avec d’autres en chantant. Les chemins qu’ils empruntent devront ainsi les rapprocher au plus près d’une forme de sociabilité archaïque. Une amitié pure telle que la définie Giorgio Agamben – comme une relation reposant uniquement sur la capacité à «con-sentir» l’existence d’un autre corps dans sa propre existence. Reconnaître sa présence comme équivalente à la sienne jusqu’à vivre à travers elle. Accepter de s’oublier pour se reconstituer dans un seul corps.

Tous les personnages de Lola Gonzàlez semblent être soumis au même appétit insatiable et partager ainsi le supplice de Tantale, condamné à ce qu’aucune ressource terrestre ne puisse plus le satisfaire. Mais ce n’est pas que la nourriture manque ici, au contraire. Comme une meute de prédateurs se rejoint pour partager sa faim et s’en aller chasser, la communauté se rassemble toujours autour de repas de plus en plus abondants pour répondre à ce sentiment de déficience. Leur appétit s’accroissant, c’est progressivement le paysage tout entier qui devient susceptible d’être ingéré.

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