ART | EXPO

Ricochet Rabbit

16 Mar - 20 Avr 2013
Vernissage le 16 Mar 2013

Les œuvres de Genêt Mayor puisent dans un répertoire drolatique de mots, de motifs, d’objets et de formes. Le titre «Ricochet Rabbit» joue sur l’articulation de deux références issues de la culture mainstream et de la télévision. C’est le nom d’un personnage de cartoon américain et le titre d’un épisode de série télé.

Genêt Mayor
Ricochet Rabbit

Genêt Mayor présente des œuvres qui puisent dans son répertoire drolatique de mots, de motifs, d’objets et de formes. Le titre «Ricochet Rabbit» joue sur l’articulation de deux références issues de la culture mainstream et de la télévision. C’est d’abord le nom d’un personnage de cartoon américain: un lapin qui officie comme sheriff dans le Far West et dont les aventures sont diffusées en 1964 par les studios Hanna-Barbera.

«Ricochet Rabbit» est également le titre d’un épisode de Dexter (Saison 6, épisode 10), la série policière américaine encensée par la critique. Est-ce une manière astucieuse pour Genêt Mayor de nous rappeler que l’abstraction n’est plus une «niche», mais qu’elle est au contraire toujours liée à la culture de masse? Qu’elle ne cesse d’interagir avec de multiples domaines a priori indirectement liés au monde artistique: du design graphique au packaging, en passant par les dessins animés et les bandes dessinées?

On peut trouver des références à l’abstraction un peu partout, et Genêt Mayor considère bien celle-ci comme un phénomène visuel disséminé, largement répandu. Plus besoin d’effets illusionnistes ou cinétiques, pas plus que de surfaces planes, lisses et étendues: la peinture abstraite a quitté son cadre pictural originel depuis longtemps, et Genêt Mayor s’est toujours tenu éloigné des fameuses toiles tendues sur châssis.

L’artiste se fait l’explorateur de son propre cabinet de curiosités, composé d’objets et de matériaux trouvés, qu’il convoque pour mieux en reconsidérer les propriétés visuelles, et libérer leur potentiel d’abstraction. Une haltère pour chien est ainsi transformée à la fois en socle, en maquette d’architecture, et en terrain de jeu sur lequel disposer de petites sculptures à bricoler soi-même (Piano Dog). Genêt Mayor s’autorise néanmoins quelques incursions au royaume de la figuration en incluant régulièrement dans ses compositions des animaux et des créatures mythiques, cryptiques ou sous-marines (le Yéti, le Big Foot, le monstre du Loch Ness).

Avec The Dark Whatever, le style naïf de ces personnages croise directement des références à la peinture populaire africaine. Plus loin, on découvre Maintenant: une main s’accroche aux bandes rayées d’une peinture murale qui court sur toute la longueur d’un mur de la galerie en passant par-dessus des morceaux de bois, comme dans un épisode de Tex Avery, lorsque le loup court et traverse le bord de l’image, la frontière du film. Pour Genêt Mayor, l’abstraction est une pente glissante, qui offre des visions pleines de ressources.

En marge de ce qui nous est donné à voir, il y a cette manière propre à l’artiste d’utiliser les assemblages et les jeux de mots pour donner des titres à ses œuvres. Le langage ouvre une dimension incroyablement riche qui s’ajoute aux combinaisons variées de motifs abstraits peints sur différents types de supports. Genêt Mayor joue avec ces titres surréférencés et métaphoriques, qui renvoient notamment aux titres donnés par Alphonse Allais à ses monochromes des années 1880, pour mettre en péril toute interprétation formaliste, faire un maximum de ricochets et détaler comme un lapin.

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