ART | EXPO

Richard Fauguet et Daniel Schlier

16 Oct - 16 Jan 2016
Vernissage le 15 Oct 2015

Richard Fauguet et Daniel Schlier ont en commun une pratique liée à un imaginaire débordant, parfois déroutant, en référence à l’histoire des arts et toujours ancré dans la culture visuelle contemporaine. Peinture sur verre, table de ping-pong, chevalier-smiley, tout peut être sujet de création.

Bertrand Dezoteux, Richard Fauguet, On Kawara, August Sander, Daniel Schlier
Richard Fauguet – Daniel Schlier

Cette exposition, principalement fondée sur les collections du Frac Poitou-Charentes, du Frac-Artothèque du Limousin et du Frac Aquitaine, donne un aperçu assez large des œuvres de Richard Fauguet et de Daniel Schlier. Au-delà des quelques pistes ouvertes ci-dessous, les visiteurs pourront discerner ce qui rapproche de ce qui distingue ces artistes toujours complices comme ils pourront juger de la finesse de l’inscription de leurs œuvres tant dans le champ des références à l’histoire de l’art que dans celui, polymorphe, de l’environnement visuel contemporain.

Le verre, support pictural chez Daniel Schlier, élément sculptural chez Richard Fauguet, cristallise dans les deux œuvres de semblables caractéristiques. Ainsi en est-il d’une certaine fragilité que l’on retrouve par ailleurs, parfois, chez Daniel Schlier (poudre métallique sur liège) et, souvent, chez Richard Fauguet (aquarelle sur rince-doigts, coquillages sur terre crue). Ainsi en est-il aussi de la transparence, fondamentale pour les peintures fixées sous verre de Daniel Schlier et bien présente, parfois matinée de translucidité, dans bien des œuvres de Richard Fauguet (assemblages de verreries et de silicone, lettrages de bonbons gélatineux ou dessin sur papier calque). Ainsi en est-il, enfin, du lisse qui glace en surface à la perfection la couche picturale de Daniel Schlier ou alors, plaque de marbre, qui expose en contraste la matière perlée de la figure peinte. Le lisse du verre qui est souligné autant que déjoué par les adjonctions adhérentes de silicone de Richard Fauguet. Le lisse, chez lui encore, de la matière si fine qu’elle s’efface au profit de la vigueur de l’effet chromatique et visuel avec ses décalcomanies sur journaux illustrés et films vinyliques découpés.

Le hiératisme qu’arborent toutes ces figures témoigne du goût commun aux deux artistes pour le caractère iconique des œuvres, autrement dit, pour la vigueur qu’elles peuvent avoir à se revendiquer comme relevant de l’ordre des images. De l’une des œuvres que l’on dirait a priori les moins iconiques – La partie de ping-pong est en effet une installation combinant des éléments ready-made – son auteur, Richard Fauguet, ne dit-il pas que «c’est une image»? Les positions successives et multiples rebonds des balles engagées dans une partie sont figés dans l’espace le long des nombreuses trajectoires matérialisées par des arcs métalliques. La durée de la partie est décomposée en instants successifs à la manière d’une chronophotographie d’Étienne-Jules Marey. Alors que les fixés sous verre de Daniel Schlier portent d’autant mieux leur nom que les personnages ainsi représentés semblent figés dans un temps de pose infini, son œuvre intitulée Moulages (Congres) pérennise et réplique par la fonte d’aluminium, contre-formes fidèles, l’ondulation changeante de la chair fugace du grand poisson.

Statut iconique, indexation temporelle et diversité des références: les œuvres d’August Sander, On Kawara et Bertrand Dezoteux, choisies pour être mises en perspective avec leur propre démarche par Richard Fauguet et Daniel Schlier, en partagent effectivement bien des enjeux.
Alexandre Bohn, directeur de FRAC Poitou-Charentes, septembre 2015.

Repères biographiques
Né en 1962 à La Châtre, Richard Fauguet vit et travaille à Châteauroux. L’artiste a érigé la fantaisie en principe et brouille volontairement les pistes. Les héros des westerns spaghetti ou de Star Wars côtoient les joueurs de l’équipe de foot locale ou les mannequins des catalogues de vente par correspondance. Richard Fauguet est représenté par la galerie Art concept à Paris.

Né en 1960 à Dannemarie, Daniel Schlier vit et travaille à Schiltigheim, en Alsace. L’artiste utilise une technique dénommée «fixé sous verre». Il travaille la peinture «à l’envers», derrière le verre, en une seule couche. Jouant de cette nouvelle forme d’apparition de l’image, il nous livre un paysage fantasmagorique, une vision du monde qui associe rêve et cartographie. Daniel Schlier est représenté par la galerie Jean Brolly à Paris.

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