ART | EXPO

Rebirth of the Bath House

05 Juin - 17 Août 2014
Vernissage le 04 Juin 2014

Pour sa première exposition personnelle en France, Ben Schumacher initie une nouvelle collaboration avec un ou une architecte (et non avec une grande firme d’architecture). Ensemble, ils ont entrepris de développer, pendant un mois, un projet quelque peu fantasque mais réaliste, répondant à un appel d'offre pour la restauration de bains publics à New York.

Ben Schumacher
Rebirth of the Bath House

De sa courte expérience d’architecte, Ben Schumacher a conservé un grand intérêt pour les schémas, notes et dessins, mais aussi pour les maquettes, les échantillons de matériaux et les multiples supports de communication plus ou moins élaborés en termes de graphisme, de technique d’impression et de reproduction.

Ce qui a retenu toute l’attention de Schumacher et qui continue de nourrir activement sa pratique artistique est aussi à chercher du côté abstrait du métier d’architecte et plus particulièrement des méthodes de production de l’architecture assistée ou entièrement produite par la programmation informatique et les logiciels d’intelligence artificielle. Le jargon commun à la programmation informatique et à l’architecture contemporaine (par exemple le nuage, le «hub», le branchement conditionnel ou l’évaluation paresseuse), autrement dit ce qui organise aujourd’hui l’ensemble des espaces virtuels ou physiques qui nous entourent, devient poétique pour peu qu’on n’y connaisse rien ou pas grand chose ou que l’on décide comme Ben Schumacher de le désapprendre pour mieux l’appréhender autrement.

L’hypothèse et l’anticipation sont les bases de la production architecturale et urbanistique d’aujourd’hui et répondent à un souci de rationalisation et d’efficacité optimales. A chaque évolution de l’un des paramètres qu’il soit financier, technique, humain ou autre, la machine recalcule les différentes possibilités pour lesquelles l’architecte pourra opter. Ce traitement informatique d’un grand nombre de données contingentes à chaque projet est sans doute ce qui fascine le plus Ben Schumacher et qu’il décide d’affronter à contre-courant. Il en fait ainsi un jeu (dont les liens de cause à effet sont pour lui comparables aux interactions des billes lors d’une partie de billard). Pour ses sculptures et installations, il utilise une partie de la matière excédentaire produite par les grandes firmes ou agences d’architectures et délègue même régulièrement une partie du processus de création de ses expositions ou de ses œuvres directement à un architecte.

Le détournement de ce que les architectes et les informaticiens nomment communément l’exécution spéculative est un moyen pour Ben Schumacher de s’approprier un univers programmatique dont l’un des enjeux principaux est la gestion de données. La mémorisation, le stockage et l’extraction de données effectuée par des calculs de probabilités sont des mouvements informatiques qui ne dominent aujourd’hui pas uniquement l’architecture mais aussi par exemple la finance ou la production du moindre objet, qu’il soit produit en masse ou issu de l’artisanat de luxe.
En parallèle du pendant tangible et concret que sont les impressions 3D, les échantillons de matériaux ou les données chiffrées livrées en bloc que l’artiste récupère, la quête d’optimisation absolue de l’architecture dans tout ce qu’elle a de mathématique et d’abstrait a quelque chose de vertigineux, d’infiniment beau, absurde et effrayant à la fois.

Les œuvres de l’artiste canadien pointent aussi non sans humour que l’exécution spéculative rejoint paradoxalement le versant délirant de l’architecture de projet ou architecture utopique des années 1960-1970 pour des raisons idéologiquement inverses alliait imagination, anticipation, hybridation et modulation à l’infini en réponse notamment à des flux permanents d’information.

Commissariat
Caroline Soyez-Petithomme

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