ART | EXPO

Ready-Made Part II

27 Juin - 06 Sep 2008
Vernissage le 27 Juin 2008

Le fantôme de Duchamp et son "ready-made" plane au-dessus de l’exposition. Les artistes témoignent ici d’une réflexion sur deux enjeux majeurs de la pratique du ready-made contemporain: où et comment situer la frontière entre ready-made à proprement parler et ready-made assisté ? Comment différencier ce type de pratique de la sculpture ou de l’installation ?

Saâdane Afif, Michael Brown, Jimmie Durham, Babak Ghazi, Shilpa Gupta, Sunnifa Hope, Mike Kelley, Koo Jeong-A, Bertrand Lavier, Guillaume Leblon, Helen Mirra, Jonathan Monk, Matt O’dell, Kaz Oshiro, David Renggli, Sylvain Rousseau, David Shrigley, Shinique Smith, Haim Steinbach et Gavin Turk
Ready-Made Part II

Yvon Lambert, Paris, est heureux d’annoncer la 2éme partie de l’exposition collective « Ready-Made ».

Le « ready-made » de Duchamp était pensé comme un « antidote à l’art rétinal », un défi lancé à la distinction entre art et non-art. En déplaçant un objet du commun dans le champ artistique, en déclarant le banal oeuvre d’art, Duchamp suscite un bouleversement des catégories esthétiques et du processus de légitimation de l’artiste et de son oeuvre. Après lui, les Surréalistes, Fluxus, le Pop Art, les « commodity sculptures » des années 80 ont étendu le lexique et les sources du « ready-made ».

Les artistes invités témoignent d’une réflexion sur deux enjeux majeurs de la pratique du ready-made contemporain: où et comment situer la frontière entre ready-made à proprement parler, autrement dit un objet du commun que l’artiste déclare oeuvre d’art et ready-made assisté où l’artiste est intervenu pour modifier un ou plusieurs objets ; en conséquence, comment différencier ce type de pratique de la sculpture ou de l’installation ?

Par ailleurs comment le déplacement qui fait d’un objet du quotidien une oeuvre d’art peut être investi d’intentions qui dépassent la seule contestation de la forme, et recherchent l’humour, la poésie ou la polémique ?

Bertrand Lavier et Haim Steinbach, posent de manière radicale la question de fond du ready-made, celle des frontières entre art et non-art. Le « socle » focalise leur attention comme interface entre ces deux sphères.

Cette question du support et de son rôle dans le transfert entre quotidien et art intéresse des artistes tels que Gavin Turk, Kaz Oshiro et Michael Brown. Tous trois jouent également sur la frontière entre vrai et faux ready-made, sur leur rapport à la peinture ou à la sculpture classiques.

Saâdane Afif et Babak Ghazi rendent respectivement hommage à Duchamp et à Beuys, la première en traquant les occurrences de l’image de « Fontaine » dans la presse, la seconde en présentant sous vitrine les livres dédiés à Beuys.

L’humour fait partie intégrante de la pratique du ready-made depuis ses débuts, il est l’expression d’une désinvolture dont témoignent les oeuvres de David Shrigley et David Renggli. Leurs ready-made ont l’apparence d’objets abandonnés dont la présence incongrue dans une galerie intrigue et fait sourire : un hamster dans sa cage devenue inutile, le rongeur est mort et naturalisé.

Koo Jeong-A et Sunnifa Hope jouent également sur cette ambiguïté du ready-made qui pourrait toujours passer pour un objet abandonné: leur démarche suggère en revanche une poésie de l’absence, de la trace et ce faisant du souvenir.

Grâce à la photographie, Sunnifa Hope élève au rang d’oeuvre d’art les outils d’une exposition, socles, vitrines, papier bulle, elle évoque ainsi discrètement le passage éphémère des oeuvres d’art dans les lieux qui les accueillent. Koo Jeong-A exposera les reliques anodines d’une existence sans pesanteur que résume un t-shirt et quelques cadres.

Shinique Smith et Shilpa Gupta en revanche explorent les possibilités de donner au ready-made une dimension politique. Des ballots de vêtements de la première évoquent des résidus de surconsommation occidentale. Shilpa Gupta présentera ces objets du quotidien confisqués dans les aéroports signes d’une paranoïa terroriste généralisée.

Cette pratique de plus en plus courante suscite toujours de vives réactions de la part du public, sans doute en raison de la trivialité des objets utilisés et de l’implication apparemment minime de l’artiste qui contrastent avec la charge idéologique, émotionnelle ou conceptuelle sans cesse croissante de ces oeuvres.

La galerie fermera ses portes les deux premières semaines du mois d’août.

critique

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