LIVRES

Rainier Lericolais

Une œuvre toute en courbes et en arabesques : des dessins à la colle et à l’encre au trait ininterrompu, des images de magazine redessinés, des structures-cages, des pianos et des échafaudages en carton. Une expression plastique née du peu, du rien, du pauvre, retravaillé.

— Éditeurs : Le 19, Montbéliard / Galerie Édouard Manet, Gennevilliers
— Année : 2003
— Format : 24 x 32 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 48
— Langue : français
— ISBN : 2-910026-72-21
— Prix : non précisé

Photocopies assez pauvres
par Jean-François Dumont (extrait, p. 21)

Dans ces dessins que tu poses au mur avec de petits clous de vitrier, il y a, outre la performance du geste qui va à la conquête de l’espace mural, la couleur. Couleurs absorbées par la colle et gelées dans le fil. Avec ce fil coloré où apparaissent des fragments de nos fantasmes imprimés, tu réalises des figures faites de courbes et de contre-courbes. L’effet visuel obtenu est très direct. Ces dessins-filets nous captivent et nous entraînent dans notre propre imaginaire. En elle-même, pourtant, chacune de ces figures n’est que la suite logique de la mise en œuvre de la matière. Il en va ainsi des dessins au « perroquet » qui semblent être follement libérés — comme seul un grand calligraphe parviendrait à le faire — mais qui sont obtenus mécaniquement. Il en va de même des installations en carton — celle de la galerie, par exemple. Une inscription typographique dans l’espace imitant un étayage. Le trompe-l’œil était réussi, puisqu’il fallait se prendre les pieds dans ton simulacre pour comprendre la nature factice et poétique de la mise en scène. Même en étant averti de l’artificialité de l’objet et du procédé mis en œuvre — évider, décoller, brouiller, liquider —, tu parviens à créer une illusion.

Tu restes pris par une obsession très contemporaine pour le peu, le pauvre et le rien, mais à contre-courant. Un peu à l’image de ces petits tourbillons, proches de la rive, qui remontent le sens de la rivière. Tu réintroduis de l’érotisme dans l’art sans pour autant revenir au genre « vieux maîtres ».

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du 19, centre régional d’art contemporain)