DANSE | SPECTACLE

Rain

03 Mar - 03 Mar 2017

La Scène nationale d’Orléans présente Rain de Anne Teresa de Keersmaeker, un spectacle inspiré de la musique répétitive et minimaliste de Steve Reich qui met en scène les relations de l’individu et du groupe.

Créée en 2001, et entrée la même année au répertoire de l’Opéra de Paris à l’initiative de sa directrice d’alors, Brigitte Lefebvre, Rain se révèle peut-être la pièce la plus aboutie de Anne Teresa de Keersmaeker. S’inspirant du livre au titre éponyme de la romancière néo-zélandaise Kirsty Gunn, la chorégraphie de Rain en épouse le développement. Anne Teresa de Keersmaeker peut ainsi préciser : « Teinté de tristesse, cet ouvrage se conclut par une seule solution : laisser aller, laisser partir… Le groupe sera cette vague qui vient et se retire. Sur l’écume de cette vague se dessineront les lignes individuelles solitaires, duelles ou plurielles. »

Rain : chorégraphie et musique

« L’écume de cette vague » est d’abord une partition musicale, Music for 18 Musicians, de son compositeur de prédilection, Steve Reich. Car musique et chorégraphie de Rain se confondent. Comme le précise elle-même Anne Teresa De Keersmaeker : « C’est une pièce clef dans le trajet musical de Steve Reich et aussi dans mon trajet. Rain, c’est tout un travail que j’ai fait pendant des années sur la musique répétitive, sur le contrepoint, sur le fait de rendre le maximum avec un minimum de vocabulaire, sur l’organisation spatiale avec des trames sous-jacentes géométriques. »

Rain est chronologiquement la troisième création de Steve Reich utilisée par Anne Teresa de Keersmaeker, dont le rapport à la musique se révèle essentiel. Dès 1982, Anne Teresa de Keersmaeker écrit une pièce pour deux danseurs, Fase, four movements to the music of Steve Reich, dans laquelle les principaux enjeux esthétiques étaient définis : le rythme, l’énergie, et la place de la musique dans la création chorégraphique. Plus tard, Drumming (1998) sera une création portant le même titre que la composition de Steve Reich dont elle s’inspire.

Rain, quant à elle, trouve son origine dans Music for Eighteen Musicians, partition dans laquelle les instruments utilisés sont en grande majorité acoustiques. Aux pulsations des pianos et des percussions s’ajoutent les sons clairs des xylophones, puis ceux des instruments à cordes et, enfin, la présence de voix métalliques. Et ces divers éléments, pris ensemble, composent en effet une vague musicale qui se forme, grossit, se développe, et déferle.

Rain

Si Rain peut être considéré décisif dans le parcours chorégraphique de Anne Teresa de Keersmaeker, cette pièce semble répondre sur scène à la musique complexe de Steve Reich. La construction chorégraphique entend épouser l’implacable avancée du rythme de Music for Eighteen Musicians.

Sur le plateau, le décor se présente sous forme d’un demi-cercle fait de fils argentés et torsadés suspendus à un portique. Sur le sol, des lignes géométriques représentent à la fois les places occupées par les danseurs et les directions prises par ces derniers. Pièce pour dix danseurs et danseuses, la chorégraphie de Rain dessine donc ses propres voies, ses lignes droites et courbes, ses diagonales, ses mouvements spiralés, ses sauts, ses chutes, et ses rebonds pour souligner les relations entre l’individu et le groupe. Brigitte Lefrèvre ne soulignait-elle pas que dans Rain « chacun est à la fois soliste avec sa propre chorégraphie et il danse en même temps avec les autres » ?

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