ART | EXPO

Plus ou moins jeunes

02 Mai - 17 Juil 2004

Walter Pfeiffer, en quête d’une idée de la beauté, entre humour et glamour, photographie des jeunes hommes. À partir de ce travail, présentation de 4 installations vidéos de trois jeunes artistes allemands et un israélien. Un anniversaire solitaire, un remake de Shining, un discours sur l’intégration et une œuvre sur la notion de frontière.

Walter Pfeiffer, Teresa Hubbard, Alexander Birchler, Thomas Galler, Julika Rudelius, Sigalit Landau
Plus ou moins jeunes

Cet événement est principalement axé sur la jeunesse. Certains artistes le sont, d’autres produisent une représentation de cette culture plus ou moins évidente. Au départ, nous avons décidé de présenter à Paris Walter Pfeiffer, photographe incontesté mais peu connu, d’une nouvelle esthétique.
Ses portraits de jeunes hommes, photographiés à Paris au début des années 80, sont le noyau central de son exposition et donnent la direction de cet événement. De cette base, nous avons tissé des liens avec d’autres artistes d’une nouvelle génération ou qui travaillent avec cette sensibilité. Ce n’est pas un événement thématique sur la jeunesse mais juste un fil conducteur.

Les artistes

> Walter Pfeiffer
Walter Pfeiffer, né en 1946 a beggingen, vit et travaille à zürich. Le centre culturel suisse organise la première exposition rétrospective du photographe zurichois Walter Pfeiffer, né en 1946 à Beggingen (Suisse). Articulée autour de la série «Das auge, die gedanken, unentwegt walter» («l’oeil, les pensées, sans cesse en mouvement»), suite de portraits d’adolescents anonymes photographiés dans les rues de Paris, Milan et Zürich au début des années 80, l’exposition met en scène de nouvelles photographies réalisées en 2004, des polaroïds de la fin des années 70 ainsi qu’un choix de vidéos inédites.
À l’occasion de l’exposition, son livre culte et désormais introuvable, Walter Pfeiffer 1970-1980, sera réédité par la maison d’édition zurichoise jrp/ringier.
Au début des années 70, après des études à l’école des Beaux Arts de Zürich, Walter Pfeiffer exerce le métier de décorateur ainsi que celui de graphiste et d’illustrateur. La photo n’est alors pour lui qu’un moyen ludique de documenter l’ambiance particulière de son studio, sorte de factory warholienne où se mélange, sans distinction et avec toute la liberté d’esprit caractérisée par cette époque, une faune underground oscillant entre la mode, la drogue, l’art et la délinquance. Il expose pour la première fois ses photographies en 1974 et réalise l’image de la couverture du catalogue de l’exposition «transformer» au Kunstmuseum de Lucerne, manifestation charnière qui met en scène l’aspect performatif du travestissement, les notions d’identité et de sexualité, préfigurant ainsi une bonne partie de l’iconographie des années 90 à travers laquelle Pfeiffer va être redécouvert comme un précurseur du genre. Assez discret dans les années 80, l’artiste ne cesse pourtant jamais de continuer sa propre quête d’une certaine idée de la beauté qui oscille entre humour et glamour et qui métamorphose le banal et le quotidien en de véritables images iconiques. Au-delà de ses clichés qui documentent la jeunesse et les garçons, ses thèmes récurrents, son vocabulaire s’étend aux natures mortes — bouquets de fleurs ou arrangements d’objets a la fois kitsch et flamboyants — développées dans des couleurs saturées et sophistiquées, ainsi qu’à quelques paysages extérieurs. Héritier de Wilhem Von Gloeden, contemporain de Larry Clark, père symbolique de Wolfgang Tillmans, il est temps de réhabiliter Walter Pfeiffer.

> Teresa Hubbard et Alexander Birchler
Teresa Hubbard, née en 1965 à Dublin, Alexander Birchler né en 1962 à Baden, vivent et travaillent à Austin (texas) et Bâle. Eight : installation vidéo
Les installations réalisées par le couple Teresa Hubbard et Alexander Birchler sont produites avec l’économie du cinéma. Eight, présenté en boucle dans la salle de cinéma, a nécessité la participation d’une équipe de plus de 30 personnes pour la lumière, les décors etc. Cette boucle au climat irréel, va et vient entre l’intérieur d’une maison et l’extérieur d’un jardin, met en scène l’anniversaire solitaire d’une petite fille.

> Thomas Galler
Thomas Galler, né en 1970 à Baden, vit et travaille à New York et Zürich. Ses vidéos trouvent ses origines dans l’histoire du cinéma. En samplant des extraits de films classiques principalement américains, l’artiste tente de déconstruire et de révéler ainsi le côté artificiel de la mise en scène cinématographique.
Dans Murder, l’installation vidéo présentée au Ccs, Galler utilise un extrait du film «Shining» de Stanley kubrick dans laquelle l’enfant possédé tente de tuer sa mère en répétant mécaniquement le mot meurtre (murder) mais en le prononçant a l’envers (redrum). En inversant le sens du déroulement filmique lors de la projection de cette séquence, (de la fin au début) le spectateur peut désormais saisir le son du mot meurtre de façon normale.

> Julika Rudelius
Julika Rudeliu, née en 1968 à Cologne, vit et travaille à Amsterdam.
Une fois obtenue la confiance de jeunes turcs, marocains et iraniens, Julika Rudelius les invite dans le décor froid et neutre de ce qui pourrait ressembler a une chambre d’hôtel anonyme. Elle les fait parler sur leur façon de s’habiller. Face à la caméra ils défilent dans leurs plus beaux vêtements et s’expriment sur l’importance qu’ont ceux-ci à leurs yeux, leur attachement aux grandes marques et les prix qu’ils sont prêts a y investir même s’ils n’ont pas de gros moyens. Derrière les «confidences», mises en scène, de ces jeunes émigrés, se glisse un discours sur l’immigration-intégration et sur l’importance du regard de l’autre et fait ressortir la fragilité de ces jeunes malgré leur aspect très «macho».

> Sigalit Landau
Sigalit Landau, née en 1969 en Israël, vit et travaille à Tel Aviv et Paris.
Sigalit Landau développe depuis plusieurs années un travail à la fois très personnel et emprunt de politique. Il tourne autour des notions de frontières, de corps, d’invisible, d’identité, etc. Barbed Hulla est une performance, réalisée deux fois par l’artiste, où une femme, nue, fait tourner autour d’elle, en ondulant son buste, un hulla up constitué de fils barbelés. Une impression de douleur s’échappe de cet acte qui relève de la transe. Pourtant une observation attentive de la part du spectateur permet de voir que les pics des fils barbelés sont tournés vers l’extérieur.

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