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Pixel-Collage

09 Jan - 26 Fév 2016
Vernissage le 09 Jan 2016

Thomas Hirschhorn s’intéresse à la pixellisation des images, une pratique largement utilisée dans les médias pour cacher une réalité qui ne serait pas bonne à voir. Dans l’ensemble d’œuvres Pixel-Collage, l'artiste utilise les pixels comme outil pour connecter et créer des liens entre les choses, relier la beauté et la cruauté de la réalité.

Thomas Hirschhorn
Pixel-Collage

«Pixel-Collage» est une nouvelle série de collages de Thomas Hirschhorn. Avec ces œuvres, il intègre le phénomène grandissant des images «sans visage» reproduites aujourd’hui, s’intéressant plus précisément au fait que la pixellisation en est l’incarnation formelle.

L’usage de la pixellisation est devenu très courant et les médias utilisent de plus en plus les pixels ou le floutage. Ce phénomène provoque ainsi l’impression que, pour être authentique, une image doit être pixélisée, du moins en partie. Pour Thomas Hirschhorn, la pixellisation ou le floutage auraient pris le rôle de l’authenticité. Une image pixélisée est sûrement authentique si elle a des zones inacceptables qui sont masquées, alors que ce qui est acceptable n’est pas pixélisé.

Parfois certaines zones d’images sont pixélisées sans logique ni raison, pour montrer qu’à l’évidence quelqu’un s’en occupe, surveille, sait et décide ce qui est acceptable ou ne l’est pas. Des images partiellement pixélisées paraissent bien plus authentiques et sont acceptées en tant que telles par les spectateurs. Ainsi, les pixels attestent de l’authenticité: l’authenticité imposée par autorité. Les pixels apportent une esthétique à cette demande d’autorité. La pixellisation ou le floutage sont justifiés pour «protéger le spectateur», pour protéger quelque chose dans l’image elle-même, ou pour «protéger» une information censée apparaître dans l’image.

Thomas Hirschhorn, lui, n’accepte rien de «protecteur» et il pense que personne aujourd’hui ne peut accepter une quelconque autorité de la protection. Utiliser des pixels vient évidemment toujours d’un geste autoritaire. Par conséquent, utiliser des pixels crée la confusion, la frustration et, volontairement ou non, rend les choses plus «hiérarchiques». Pour lui, la pixellisation est clairement utilisée comme propagande, elle infantilise ou manipule le spectateur. Et pixéliser une partie d’une image peut sous-entendre ou indiquer qu’il y a pire, bien pire, et que quelque chose d’incommensurable est caché ou dissimulé.

Un autre élément qui intéresse Thomas Hirschhorn est le fait que paradoxalement, l’utilisation de pixels mène parfois à des images totalement incompréhensibles, les reliant esthétiquement à des formes d’art abstrait. Il est donc intéressé par les pixels — leur abstraction peut construire une nouvelle forme, ouvrant sur une dynamique et un désir de vérité, la vérité en tant que telle, la vérité qui va au-delà de l’information, de la non-information ou de la contre-information. Il s’agit de comprendre comment une image qui existe peut devenir une abstraction. La vérité ne se manifeste que pour le vrai spectateur, la vérité est une chose visuelle pour celui qui ouvrira les yeux.

Dans la série «Pixel-Collage», Thomas Hirschhorn utilise les pixels comme une nouvelle partie de notre réalité existante, chaotique, complexe, cruelle, incommensurable et belle. Il raconte: «Bien sûr, je n’utilise pas les pixels pour cacher les choses ou les rendre non visibles. Avec l’ensemble d’œuvres Pixel-Collage, je veux utiliser les pixels comme outil pour connecter et créer des liens entre les choses. Je veux lier la beauté et la cruauté de la réalité. Les pixels que j’utilise sont faits main — «pixéliser» n’est pas une technique mais un statement artistique. De ce fait, le processus doit être celui du collage, avec l’assemblage visible, car il est important de comprendre que les pixels sont inclus dans mon travail en tant que matériau pour créer des collages, comme les magazines découpés.»

Ainsi, dans Pixel-Collage, les pixels sont un pont visuel entre deux ou plusieurs images de la réalité, entre deux ou plusieurs réalités existantes. Les pixels rendent l’incommensurable visible. Thomas Hirschhorn utilise les pixels comme un instrument pour lier l’indicible avec l’abstrait, la réalité avec le réel, le caché avec le connu. Il donne forme à la reconnaissance de la beauté et de l’atrocité car, pour lui,  il est important d’insister sur la séparation absolument fausse et cruelle de ces deux registres. «Les Pixel-Collage sont une tentative d’utiliser la clé «Pixel» pour entrer dans une nouvelle image, une nouvelle forme, un nouveau monde.» (Thomas Hirschhorn, 2015)

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