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Photographies soudanaises

13 Fév - 22 Mai 2016
Vernissage le 12 Fév 2016

Claude Iverné parcourt le Soudan depuis 1998. Ses photographies en noir et blanc documentent l’intimité d’un peuple à l’histoire complexe, loin des clichés à sensation. Avec ce travail refusant tout ethnocentrisme, Claude Iverné a reçu en 2015 le prix Henri Cartier-Bresson.

Depuis 1998, Claude Iverné parcourt le Soudan, un territoire au carrefour du monde arabe et de l’Afrique. Délaissant toute idée préconçue sur le pays et les hommes, il photographie avec humanité un pays baigné d’influences contraires, documente l’intimité d’un peuple mêlé, à l’histoire complexe, à mille lieues des clichés sensationnels qui circulent depuis des années dans la presse. Le photographe choisit de s’affranchir des codes et usages en vigueur. Ses images allient le sentiment politique à l’essai lyrique. Pour ce travail de longue haleine, Claude Iverné a reçu le prix Henri Cartier-Bresson en 2015.

Il est une manière peu courante d’exercer le métier de photographe chez Claude Iverné. Il refuse d’être vu. Car il est de bon ton désormais que le reportage se conjugue à la première personne. C’est en cela que l’on demeure ici dans une vision «puriste» de la photographie documentaire, dans le refus de l’égocentrisme. Si la réalité est obscure, le photographe s’inscrit dans cette obscurité.

En faisant siens les procédés d’une photographie «ethnographique», Claude Iverné en adopte ses principes. Il ne se satisfait pas du rôle accordé au photographe-reporter, ni d’être le simple porte-voix de populations en «souffrance». Il s’approprie leurs codes et leurs logiques. Il n’est nullement à la recherche d’un «état de nature». On se tromperait en l’imaginant traquant la «vérité» d’un peuple. A contrario, son approche n’est qu’une suite d’énigmes. La raison qui procède à cette photographie n’est en rien explicative. Nous pénétrons au plus près des choses, par leur aspect le plus concret. L’esprit de série nous met en face de matrices et de leurs déclinaisons. Son constat devient le nôtre: une interrogation sans réponses.

Notre époque marque une certaine défiance envers la photographie de reportage. Existe-t-il une alternative à des images dont l’origine n’est que rarement certifiée? Devant «l’inutilité», ou plutôt, devant l’inefficacité du témoignage photographique, est-il possible de régénérer le langage documentaire? Il semble qu’en inversant l’ordre du temps, en se séparant de l’urgence, on puisse aborder de nouveaux territoires de la compréhension du monde.

[…] Depuis que l’on sait que l’Afrique est mal partie, ce continent est sans promesse d’avenir. Il est comme il est. Voilà le propos de Claude Iverné. Contrairement au photographe «traditionnel», imprégné de considérations morales, il ne hisse pas le document au rang de témoignage. Et, amusé par le rôle messianique que l’on veut bien lui assigner, il n’entrevoit ses différentes interventions qu’en se dissociant du reportage traditionnel. Il installe l’idée que ce périple ne révèle rien par lui-même. Il est un leurre, certes, mais le moins trompeur, ici et maintenant. […]

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