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Peter Downsbrough

PMichael Anastassiades
@27 Sep 2010

Dans le cadre de Septembre de la photographie, le photographe et sculpteur américain Peter Downbrough expose à la galerie La BF15 ses travaux d'une esthétique ascétique sur la ville: sans figure humaine, rapportée à sa structure, sa réalité physique, ses réseaux de circulation comme son architecture.

La ville que présente Peter Downsbrough n’est pas bousculée par la vitesse ou saturée de foules mouvantes, au contraire, ses photographies ne laissent aucune place à la figure humaine où à de quelconques formes anecdotiques. Peter Downsbrough n’évoque pas les clichés touristiques de New York ou San Fransisco, il montre juste Une ville, La Ville, sa structure, sa réalité physique, ses réseaux de circulation comme son architecture en une impressionnante ascèse.

Le travail de ce photographe ne consiste pas à voler des moments de vie ou à déambuler en attendant que le hasard veuille bien lui offrir un spectacle.
Né en 1940 dans le New Jersey, Peter Downsbrough a commencé par faire des études d’architecture et son intérêt pour le volume, la structure dans l’espace, l’a accompagné ainsi toute sa vie.
Inscrit dans une école d’art, ce jeune sculpteur devient, dit-il, fasciné par la ligne, le trait et sa capacité à redéfinir par sa seule présence l’espace d’une feuille de papier comme celui d’une pièce.
Ses premières expositions consistent à dessiner des traits sur le sol, à installer des lignes en volume ente sol et plafond. La photographie n’est alors qu’un support documentaire, une archive de ses constructions minimales et éphémères. Elle finira par s’imposer comme un élément essentiel de son processus artistique.
Ce qui se joue à l’intérieur du cadre le séduit: «Regardez, la présence d’un simple lampadaire coupe l’image en deux, c’est une liaison radicale qui reconstruit l’espace».
Les photographies de Peter Downsbrough, toujours en noir et blanc sont autant de compositions où le volume se fait graphisme. Un quai de gare devient un jeu de perspective et d’aplat noir et blanc qui semble partir en rotation sur un centre imaginaire. Une route sous un pont suspendu bascule de la même façon entre réalité et dessin.
C’est cette étrange rencontre de la ville et du regard qui rend si particulier le travail de cet artiste. Peter Downsbrough arrive à extraire de l’intemporalité du réel. A partir d’éléments architecturaux, à partir des routes qui font la communication d’un espace à l’autre en formant ainsi le tissu urbain, il offre la mise à nu d’une structure, une composition de volumes saisis d’ombre et de lumière.
Il coupe le regard d’une ligne de béton, d’une ligne d’architecture, d’une ligne offerte par le soleil, il retrouve ainsi cette trace simple mais qui accompagne son univers.

A La BF15, Peter Downsbrough accompagne ses clichés d’une installation minimaliste, une fine colonne implantée entre sol et plafond se poursuivant par terre en un tracé allant jusqu’au mur. Une manière d’ajouter en forme de démonstration in situ de la force à cette simple présence et de rappeler tout le volume qu’elle injecte dans l’espace.

Sur un mur, une vidéo en boucle, dont les travellings se succèdent à rythme régulier, réinvente le temps. La ville s’y dessine en une perspective comme ciblée au milieu de l’image mais elle se finit toujours par une impasse, une porte où la caméra a l’air de venir en vain se cogner.

L’exposition de la BF15 n’a pu présenter tout le travail d’édition auquel se consacre aussi Peter Downsbrough, mais les éléments qu’elle met en scène permettent cependant d’appréhender un univers où la photographie s’inscrit totalement dans l’art.

— Peter Downbrough, Untitled, NYC, 1978. Silver gelatin print on fiber based paper. 30 x 40 cm.
— Peter Downbrough, Untitled San Francisco, 2005. Silver gelatin print on fiber based paper. 30 x 40 cm.
— Peter Downbrough, Untitled, NYC, Summer, 1978. Silver gelatin print on fiber based paper. 30 x 40 cm.

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