ART | EXPO

Peter Downsbrough

30 Oct - 18 Déc 2010
Vernissage le 30 Oct 2010

Peter Downsbrough présente une série de dessins et met en espace des lignes, tubes et mots qui composent l’essentiel de son vocabulaire plastique depuis le début des années 70.

Peter Downsbrough
Peter Downsbrough

Pour sa première exposition personnelle dans la galerie Martine Aboucaya, Peter Downsbrough présente une série de dessins et met en espace des lignes, tubes et mots qui composent l’essentiel de son vocabulaire plastique depuis le début des années 70.

D’emblée notre regard est arrêté par le mot pause qui incite le visiteur à s’arrêter un moment, à prendre le temps d’entrer dans la galerie et de la redécouvrir grâce à la présence de ces quelques éléments ténus. Ce mot est relayé par les prépositions and/et qui jouent leur rôle de conjonction de coordination, de lien, en nous invitant à pousser plus loin nos investigations. Deux lignes horizontales, tracées de part et d’autre des murs, soulignent l’une des particularités architecturales de cette galerie et nous conduisent jusqu’au bout de ce couloir.

Nous sommes alors invités à pénétrer dans la grande salle où le mot open, coupé et inscrit verticalement, semble vouloir se dissimuler, pour partie, derrière la ligne noire à laquelle il est accolé. Open, prenant corps dans l’espace, se trouve à l’extérieur de l’ouverture qu’il suggère. Celle-ci est notamment matérialisée par la présence d’un tube et de lignes noires, l’une au sol l’autre au plafond, qui impliquent l’existence virtuelle d’un nouvel espace, d’un autre lieu qu’il nous faudrait pénétrer ou franchir. Dans son dispositif, open répond au mot close, inscrit horizontalement qui est supposé clôturer la pièce. Or il n’en n’est rien, à la clôture attendue s’oppose l’ouverture vers une nouvelle pièce.

Ainsi, de par sa disposition dans l’espace, le mot introduit à la lecture d’une autre oeuvre: un wall drawing sur lequel est inscrit, en miroir, le mot autre. Développant une nouvelle série de pièces, existantes tant dans l’espace que dans les dessins et les maquettes de l’artiste, ce wall drawing se compose d’une ligne, d’un mot et d’un rectangle noir qui vient prendre appui sur les deux premières lettres du mot autre. Placé de la sorte, le rectangle, comme en équilibre, semble pouvoir basculer à tout moment et proposer une autre version de l’œuvre, l’endroit du décor.

Singularité des œuvres exposées, les mots coupés n’appellent plus leurs moitiés, ils se font ainsi de plus en plus discrets et de moins en moins lisibles. Ils impliquent des concepts ou des actions. Disposés de la sorte, l’un verticalement l’autre horizontalement, open/close — davantage qu’ils ne se complètent —  suggèrent la réciprocité d’une seule et même action: la clôture dans l’ouverture, l’ouverture dans la clôture, qui conduit à constater l’absence de frontière.

Les deux tubes, verticaux et parallèles, installés dans ce que l’on appellera pour l’occasion le cabinet de dessins, font écho aux premières oeuvres de l’artiste. Appelées pipes et poles, elles sont réalisées à partir de 1971. Néanmoins, ici, il ne s’agit plus seulement d’ancrer ces pièces dans le sol, afin de marquer le lieu de leur présence. Les deux tubes composant cette sculpture duale sont suspendus au plafond. Au lieu où ils cessent de se chevaucher, la rupture générée propose à l’œil d’appréhender l’œuvre à l’aune d’une nouvelle perspective en incluant le mot lien inscrit sur le mur. Ce mot vient ponctuer la ligne verticale noire qui monte du sol et s’affirme comme le pendant de la partie manquante du tube. Changeant de supports et d’échelle, les œuvres de Downsbrough sont souvent à envisager sous un angle multiple alliant notamment la bidimensionnalité à la tridimensionnalité.

Si plusieurs pièces composent cette exposition, elle peut néanmoins être appréhendée dans un seul et même élan tant les correspondances sont nombreuses. Par ailleurs, la ténuité de ces éléments disparates et peu prolifiques nous invite — par la déambulation réelle et mentale qu’ils suggèrent — à reconsidérer la notion de lieu, à en effectuer une lecture singulière et pourquoi pas, au regard de l’actualité, à opter pour une approche plus politique de l’œuvre.

Vernissage
Samedi 30 octobre 2010. 18h-21h.

critique

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