LIVRES | ESSAI

Penser la photographie numérique

Les possibilités de création photographique ouvertes par l’imagerie numérique, marquent une profonde rupture avec la photographie argentique en modifiant la nature des images et la façon dont elles sont fabriquées. Jean-Claude Chirollet montre que la photographie argentique reste, malgré tout, une référence de valeur pour les praticiens de l’imagerie digitale.

Information

Présentation
Jean-Claude Chirollet
Penser la photographie numérique

La photographie numérique et les techniques de numérisation des images ont modifié radicalement la conception et les usages en tout genre de la photographie. De l’invention du daguerréotype au XIXe siècle, jusqu’aux images digitales qui adoptent le statut technologique de fichiers informatiques, le chemin parcouru par la photographie a métamorphosé intégralement la nature des images, et la manière dont elles sont fabriquées et utilisées.

Malgré cela, la photographie argentique demeure une référence de valeur pour les praticiens de l’imagerie digitale. En effet, le croisement logiciel entre les deux types d’images — analogiques et digitales —, produit des images «hybrides» marquant une interaction féconde entre les deux formes de technologies photographiques.

Jean-Claude Chirollet est agrégé de l’Université, docteur d’Etat en philosophie, et maître de conférences d’esthétique à l’Université de Strasbourg. Il travaille en particulier sur les questions concernant l’impact des technologies de l’information et de l’image sur la création artistique, la diffusion culturelle et la mémoire des arts.

«Les images photographiques fixes ou mobiles — aussi bien argentiques que digitales — systématisent optiquement et mathématiquement la représentation occidentale du monde, construite au moyen de règles objectivantes de la géométrie euclidienne, adoptée au XVe siècle par les artistes de la Renaissance. Elles naissent de dispositifs fonctionnels dont la programmation conditionne les variantes, techniquement possibles et donc permises pratiquement, de la saisie optique du réel. Ces images techniques résultent donc de calculs numériques en série qui structurent notre vision du réel — nonobstant la relative liberté de l’opérateur qui choisit (éventuellement en les détournant) les automatismes les plus adaptés à son intention esthétique du moment. Les divers programmes photographiques conjugués — notamment: exposition, plage dynamique enregistrable, sensibilité, netteté, profondeur de champ, vitesse, taux de contraste, optique géométrique, données colorimétriques, etc. —, présent en partie depuis la mise au point des chambres photographiques aux optiques et aux fonctionnalités améliorées des années 1840 et 1850, mais considérablement complexifiés et démultipliés en imagerie numérique (pendant et après la prise de vue), réalisent le traitement automatisé des paramètres informationnels qui régissent les formes modernes de la visualité photographique du monde.

Il est donc indéniable — cette évidence demeure pourtant souvent incomprise — que les appareils photo-argentiques ou photonumériques, au même titre d’ailleurs que tout autre type d’appareil industriel, incarnent des formes programmées de raisonnement calculatoire, de pensée “computationnelle”. Ce sont des intelligences artificielles incarnées, combinatoires, indéfiniment évolutives, et plus ou moins complexes, c’est-à-dire plus ou moins riches en fonctionnalités conjuguées.»
Jean-Claude Chirollet

Sommaire
— Avant-propos. Un monde sans photographies
— Chapitre I: Images argentiques vs images matricielles
— Chapitre II: Grains d’argent et pixels
— Chapitre III: Instantané vs image logicielle
— Chapitre IV: L’Un argentique vs le Multiple digital
— Chapitre V: La versatilité des couleurs digitales
— Chapitre VI: Photographies 3D – impression 3D
— Conclusion. Esthétique photonumérique
— Index des noms propres