ART | EXPO

Parc d’activité

06 Sep - 08 Nov 2013
Vernissage le 05 Sep 2013

«Parc d’activité» est la première exposition personnelle de l’artiste Niek van de Steeg à la galerie Tator. Pour l’occasion, il présente une installation constituée d’un ensemble de pièces: peintures, dessins et céramiques en référence à ces espaces économiques que sont les parcs d’activité.

Niek van de Steeg
Parc d’activité

Quelques indices à l’usage d’un visiteur du Parc d’activité
Le plus souvent implanté dans des zones périurbaines ou semi-rurales, les parcs d’activité sont des terrains que les collectivités territoriales réservent au développement économique. Les règles d’usage sont déterminées entre pouvoirs publics et entreprises, déclinées à travers une série de partenariats contractuellement fixés.

Le parc déploie des activités industrielles et commerciales depuis des espaces maintenus à des tarifs défiant toute concurrence, dans le respect le plus strict des ambitions de croissance de chacune des parties. Les ZI et ZA et autres terminologies efficaces sont des indicateurs permettant d’évaluer le type de réglementation  au sein du territoire: équilibres précaires maintenus entre pollutions environnementales et risques sanitaires à long terme, et emplois et profit immédiat. A l’image de ces zones, les œuvres de Niek van de steeg fonctionnent selon des modalités inspirées de certaines structures sociétales. Voilà peut-être un premier éclairage permettant d’élucider le choix du titre de l’exposition: Parc d’activité.

Car, si l’on s’en réfère à Jean-Marc Poinsot, l’exposition est tout autant un espace traversé des consensus dans lequel chacun s’accorde à désigner comme art tous les «objets» qui y seraient présentés. Placé au cÅ“ur de l’accrochage, sans pour autant avoir valeur de manifeste, on découvre le film Running matter and Yellow cake (2011). On y voit Niek van de Steeg qui court, filmé depuis l’arrière d’un véhicule, et traverse le parc d’activité Michel Chevalier, nom d’un ingénieur du corps des Mines devenu homme politique: «Les grands hommes et femmes sont autant de matière première…».

Situé dans le Languedoc Roussillon tout près de Lodève, le parc, précédemment exploité à des fins d’extraction d’uranium, a été reconverti en zone d’activité économique multiple et ce malgré la présence des minerais et de leurs pollutions encore présentes du fait de leurs exploitations. Ici Niek van de Steeg procède à un travail aux caractéristiques à la fois tautologiques et dialogiques: l’artiste fait le récit d’un film dont il est l’acteur principal. En même temps que le film se tourne, il est imbriqué dans un commentaire qui énonce son devenir œuvre. Elle produit son versant didactique et dialectique, confronte le discours à ses coordonnées physiques et géographiques et déploie des principes de vérification indicielle.

Si le film énonce clairement un corpus de recherche dont l’artiste s’est investi sur la question des matériaux et leur mode d’exploitation, la suite de l’exposition en décline d’autres aspects. Dans l’entrée de la galerie, Niek a placé une table d’orientation du parc. Peinture quelque peu abstraite, elle indique métaphoriquement, quelques chemins de lecture. Mais c’est aussi une façon de qualifier des perspectives en germe dans toute l’articulation de l’accrochage, car une circulation dans la pluralité des points de vue doit être considérée. Alors qu’une contamination idéologique aux effets radiants viendrait trop aisément couvrir la complexité discursive contenue dans chaque problématique, Niek engage des rapprochements intimes avec le visiteur par l’emploi de matières sensuelles au savoir-faire séduisant.

Les céramiques, de grès, gravés selon la technique de l’engobe noir, les petites pièces aux paysages émaillés et autres faïences dévoilent formes et images qui replacent la condition du territoire dans sa valeur artistique. Avec les Céramicibles, l’exposition prend de la hauteur, les cercles placés au mur dessinent les contours de cratères, sculptures naturelles desquelles un observatoire pourrait être inauguré (clin d’œil adressé au volcan de James Turell), tandis que les running fences, pour ne pas nommer Christo, côtoient les images des sculptures de Niek. Un assemblage anachronique dans lequel se mêlent tout un répertoire de références qui agissent par intrusion dans le domaine plastique sans souscrire à leur déterminisme. Et viennent réévaluer de façon astucieuse, les rapports d’échelle qui viendraient contingenter les objets de la pensée.

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