ART | EXPO

Nouvelles oeuvres

22 Oct - 21 Nov 2015
Vernissage le 22 Oct 2015

Le peintre roumain Adrian Ghenie présente dans l’espace du Marais un ensemble de dix tableaux récents où sa propre personne occupe le premier plan. C’est un thème central de son travail depuis 2010, qui trouve son aboutissement dans une vingtaine d’Autoportraits, oscillant entre l’exploration du moi et la création d’hybrides.

Adrian Ghenie
Nouvelles Å“uvres

Né à Baia Mare en 1977, établi à Berlin, le peintre roumain Adrian Ghenie représente la Roumanie à la 56e Biennale de Venise qui s’achèvera en novembre. Les œuvres de cet artiste qui a grandi dans la Roumanie de Nicolae Ceaucescu reviennent souvent sur les heures les plus sombres de l’Europe d’après-guerre et les acteurs majeurs de son histoire. Les souvenirs personnels ou collectifs, les scènes de films, les images glanées sur Internet et les renvois à l’histoire de l’art se fondent dans la trame de ses tableaux. Il parle de «peindre le grain de l’histoire» et son désir de recréer les aspérités du passé nourrit la facture extraordinairement expressive de ses toiles.

Adrian Ghenie présente dans l’espace du Marais un ensemble de dix tableaux récents où sa propre personne occupe le premier plan. C’est un thème central de son travail depuis 2010, qui trouve son aboutissement dans une vingtaine d’Autoportraits, oscillant entre l’exploration du moi et la création d’hybrides tels que l’Autoportrait en Vincent van Gogh, l’Autoportrait en Charles Darwin et l’Autoportrait en singe, tous réalisés en 2014.

Adrian Ghenie, fasciné par la déconstruction des visages dans les œuvres de Picasso et de Francis Bacon, assimile la physionomie humaine à un paysage composé de surfaces ondulées, de bosses, de saillies, et d’une infinité de textures différentes.

Le paysage quasi charnel du Pique-nique de 2015 répond aux effets de matière et de mouvement de la barbe dans son nouvel Autoportrait en Vincent Van Gogh exécuté également en 2015. L’artiste isole en gros plan les creux et les reliefs du visage. Au point de bascule entre figuration et abstraction, la touche très personnelle d’Adrian Ghenie conjugue ses effets avec le décor théâtral pour désagréger le portrait dans un jeu de masque et d’identification.

Les tableaux mettent en scène des héros admirés, mais aussi quelques figures historiques synonymes d’effroi et de souffrance des populations (Hitler, Staline, Mengele et Ceaucescu).

Le réassemblage du moi autour de personnages-clés passe notamment par le collage, une des techniques privilégiées de l’artiste, bien adaptée à sa démarche «compositionniste», pour reprendre le terme forgé par le sociologue, anthropologue et philosophe des sciences Bruno Latour, qui affirme que «la vraie alternative à la modernité, c’est le compositionnisme». Les multiples strates des tableaux d’Adrian
Ghenie interrogent la construction de l’histoire et du moi dans l’après-modernisme et l’après-génocide. Peut-être font-elles écho aux idées de Bruno Latour pour qui, lorsque les notions structurantes de nature et de société ont disparu, il reste la solution de «composer le monde commun».

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