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Nicéphore Niépce en héritage

17 Oct - 17 Jan 2016
Vernissage le 16 Oct 2015

Le musée Nicéphore Niépce consacre une exposition aux héritiers du père de la photographie. De Paolo Gioli à Daido Moriyama, en passant par Olivier Culmann et Patrick Bailly-Maître-Grand, elle montre comment la création contemporaine s’est emparée du personnage mais aussi du résultat de ses expérimentations.

Patrick Bailly-Maître-Grand, Lars Kiel Bertelsen, Alexandra Catière, Olivier Culmann, Raphaël Dallaporta, JH Engström, Joan Fontcuberta, Ralph Gibson, Paolo Gioli, Daido Moriyama, Andreas Müller-Pohle, Bernard Plossu, Emmanuelle Schmitt-Richard
Nicéphore Niépce en héritage

250 ans après sa naissance, et près de deux siècles après les premières expérimentations qui conduisirent à l’invention de la photographie, que reste-t-il du personnage de Nicéphore Niépce? Son geste fondateur continue de fasciner et d’inspirer les artistes actuels. C’est aux héritiers du génial inventeur qu’est consacrée cette exposition. De Paolo Gioli à Daido Moriyama, elle montre comment la création contemporaine s’est emparée à la fois du personnage auquel elle rend hommage, mais aussi du résultat de ses expérimentations qu’elle n’hésite pas à réinterpréter.

La dévotion de Daido Moriyama pour Nicéphore Niépce l’a ainsi conduit à un véritable pèlerinage sur les traces de l’inventeur, de Saint-Loup à Austin au Texas. «Dès que je me suis retrouvé face à ce paysage [Saint-Loup-de-Varennes], les images d’ombre et de lumière de la photographie iconique de Niépce ont commencé à se substituer au paysage réel devant mes yeux et, soudain, j’ai eu la sensation de voir à travers les yeux de Niépce.» Une reproduction du Point de vue du Gras est accrochée au dessus du lit dans la chambre à coucher spartiate du photographe «pour ne pas oublier les origines et l’essence de la photographie.»

Ce Point de vue, tant de fois – mal – reproduit, habite l’inconscient de chacun. Il transparait dans une photographie de Bernard Plossu prise au hasard d’un voyage au Portugal, depuis la fenêtre du train où celui-ci a pris place. C’est encore cette même image qui inspire à Andreas Müller-Pohle ses Partitions digitales I (1995). Numérisé, Le Point de vue du Gras renaît sous sa forme codée, une suite de signes alphanumériques.

L’outil informatique omniprésent désormais permet de réinterpréter l’œuvre de Niépce de la façon la plus mathématique à la plus loufoque. Joan Fontcuberta recompose le Point de vue du Gras sous forme de photomosaïque d’images trouvées sur Google Images. Olivier Culmann transforme le portrait posthume de Nicéphore Niépce, peint par Léonard François Berger, en portrait de studio indien, abusant de la retouche numérique.

L’hommage de Patrick Bailly-Maître-Grand tient quant à lui dans sa redéfinition constante des fondements de l’image mécanique qu’il adosse à l’histoire scientifique de la photographie. Son credo est de découvrir et expérimenter les techniques anciennes. Avec les Gouttes de Niépce, il réalise des prises de vue de paysages à travers des gouttes de gélatine faisant office de lentille, qu’il superpose avec l’image des mêmes paysages floutées. «Il faut percevoir en ce bricolage laborieux une quête nostalgique des années primitives de la photographie quant tout était à découvrir avec une boîte, un bout de verre, de la chimie et du hasard.»

Cette manipulation du medium photographique est au centre du travail opéré par Paolo Gioli en hommage à Nicéphore Niépce. À la fin des années 1970, il s’empare du Polaroïd, expérimente ses potentialités à la manière d’un découvreur du passé, réinterprétant les images iconiques de Niépce à travers des matières nouvelles. Cette pluralité de regards portés par des photographes aux origines et parcours singuliers, démontre la richesse de l’héritage laissé par Nicéphore Niépce.

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