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New Works

PMarguerite Pilven
@12 Jan 2008

Les très originaux dispositifs mis en œuvre par Knoebel proviennent, dans leur matière et leurs formes, de l’objet-tableau qui est décomposé pour s’articuler, selon une syntaxe nouvelle, en un dialogue avec l’espace qui le contient.

L’artiste allemand Imi Knoebel réalise sa première œuvre d’envergure en 1968 dans un atelier de l’Ecole de Düsseldorf, octroyé par Joseph Beuys dont il suit les cours. Ce travail intitulé Raum 19 inscrit d’emblée sa pratique au carrefour de la peinture et de la sculpture. Châssis, panneaux d’aggloméré et baguettes sont exposés posés au sol ou adossés au mur les uns contre les autres, en un jeu de superposition par strates. L’objet-tableau se décompose pour s’articuler selon une syntaxe nouvelle, en une recherche de mise en valeur réciproque avec l’espace qui le contient.

Cette pratique de la superposition, cette ouverture du tableau vers l’extérieur constitueront l’essentiel du vocabulaire plastique de Knoebel, des leitmotivs dont il ne cessera d’explorer les possibilités.

Dans sa récente série intitulée An Meine Grüne Seite, l’artiste met en place un dispositif d’effeuillage du support dans son épaisseur, articulant deux plans monochromes de couleurs différentes. Alors que le panneau faisant office de fond est fixé à la cimaise, celui qui le recouvre s’en sépare pour opérer une saillie vers le spectateur.
Uniquement fixé au mur par le bord supérieur, ce décollement progressif de la surface du haut vers le bas évoque un store que l’on aurait tiré. Ainsi soustrait au regard, le fond déborde cependant sur les côtés de la surface couvrante, en une présence persistante qui retient le regard, déplace l’attention de la surface vers les bords du tableau.
Introduisant des distorsions dans les rapports convenus entre couleur et fond, Knoebel traite ces composantes comme des entités autonomes dont les relations d’interdépendance deviennent un enjeu essentiel de l’économie interne de l’oeuvre.
Viennent ensuite les compositions monumentales opposant à la légèreté de l’effeuillage un caractère beaucoup plus physique. Imposantes, massives, de grosses cassettes monochromes montées les unes à côté des autres servent de socle à de fins panneaux.
En plus d’opérer un décalage des plans dans la profondeur, le contraste des supports provoque un allègement dans la partie supérieure de la composition. Les plans colorés semblent flotter, comme libérés de leur attache au support, affranchis des limites matérielles du tableau.

En d’autres endroits, Knoebel insiste au contraire sur l’adhésion de la couleur au support en peignant vigoureusement la surface de manière à laisser visibles les traces du pinceau puis en fermant cet ample mouvement du haut vers le bas par des coups de pinceaux horizontaux soulignant avec insistance les bords du support.
Le traitement hétérogène des surfaces, parfois mates ou brillantes, absorbantes ou réfléchissantes, participe également de ces jeux de confrontations et déséquilibres rythmant les compositions.

Aussi originaux que les dispositifs mis en œuvre par l’artiste puissent paraître, leur matière première comme leurs caractéristiques formelles proviennent toujours de l’objet tableau.
Définissant un champ de travail aux contours précis, Knoebel pousse en réalité de façon extrêmement cohérente les conséquences d’un travail de prospection centré sur cet objet spécifique. 

Imi Knoebel
— An Meine Grüne Seite 3, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 102 x 69 x 6 cm.
— An Meine Grüne Seite 6, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 102 x 69 x 6 cm.
— An Meine Grüne Seite 13, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 102 x 69 x 6 cm.
— Des Kaisers Neue Kleider N.8, 2005. Acrylique, feuille plastifiée. 102 x 73 cm.
— An Meine Grüne Seite 7, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 102 x 69 x 6 cm.
— An Meine Grüne Seite 5, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 102 x 69 x 6 cm.
— Leichter Anschlag, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 285 x 315 x 7 cm.
— Ich nicht III, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 282 x 255 x 7 cm.
— Das Verhältnis, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 283 x 277 x 7 cm.
— C mit dem cis, 2004. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 275 x 146 x 7 cm.
— Im alten Style, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 273 x 206 x 7 cm.
— Prinz Igor in C, 2005. Acrylique, aluminium, feuille plastifiée. 286 x 302 x 7 cm.
— LO, 1992/2005. Acrylique sur aluminium. 40 x 43 x 10 cm.
— LA, 1992/2005. Acrylique sur aluminium. 44 x 46 x 12 cm.
— Des Kaisers Neue Kleider N.12, 2005. Acrylique , feuille plastifiée. 102.5 x 73.5 cm.
— Des Kaisers Neue Kleider N.4, 2005. Acrylique, feuille plastifiée. 102 x 73 cm.
— Des Kaisers Neue Kleider N.11, 2005. Acrylique, feuille plastifiée. 102 x 73 cm.
— Des Kaisers Neue Kleider N.6, 2005. Acrylique, feuille plastifiée. 102 x 73 cm.

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