ÉCHOS
01 Jan 2002

Milan 2008: le design décomplexé

Pour son édition 2008 (16-21 avril), le Salon du meuble de Milan, incontournable rendez-vous des professionnels et amateurs de design, affiche un insolent optimisme…

Par Louise Grislain

Esprits chagrins, passez votre chemin ! Le communiqué de presse diffusé par Cosmit, société organisatrice du salon, l’affirmait haut et fort : le chiffre d’affaires du secteur de l’ameublement italien a enregistré un taux de croissance de 3,9 % . Dopés par ces bons résultats, les éditeurs ont cette année exprimé leur optimisme.

Symbolique de cette vision insouciante, la création de Meta a attiré l’attention au cours de cette édition. Fondée par l’antiquaire de haut vol londonien Mallett, cette nouvelle société propose, uniquement sur commande, les créations de designers renommés comme Matali Crasset, réalisées par des artisans d’art. Il s’agit ici de renouer avec une certaine conception du mobilier héritée du XVIIIème siècle. Prenant acte du fait que les vastes duplex de Paris, Londres ou Tokyo sont plus volontiers meublés de créations signées Charlotte Perriand que de commodes Boule, elle veut fournir a une clientèle fortunée et friande de mobilier contemporain des pièces d’exception. Le tout à des prix assurant l’exclusivité aux propriétaires de ces pièces, soit 350.000 euros pour une armoire de cuivre et bronze de Tord Boontje.

Dans un même esprit de  » design sans complexe », le stand de l’éditeur Edra, présenté comme une  » villa de narcotrafiquant de Miami » étalait dans un décor lamé des canapés en fourrure et les dernières créations de ses designers vedettes, comme les sièges Agape en cuir découpé des frères brésiliens Campana.

Autre versant de cette recherche de valeur ajoutée, la firme Zanotta rendait hommage à son emblématique Sacco dans un exercice d’autocélébration dont le résultat pouvait laisser perplexe, en en proposant des versions revues en éditions limitées. Etrange destin pour l’esprit de cette assise révolutionnaire, copiée dans le monde entier et symbolique de nouvelles façons d’habiter.

Tous les designers ne se sont cependant pas laissés aller à cette tendance. Ainsi des frères Bouroullec, qui rament plutôt à contre courant en proposant pour leur première collaboration avec Kartell une chaise Papyrus plus abordable que leurs créations habituelles. La variation sur le thème de la chaise continue inlassablement d’intéresser les designers, avec quelques exemples particulièrement réussis, comme la Stitch Chair d’Adam Goodrum chez Cappellini. En tôle, elle se plie littéralement en deux.

Le Salon de Milan s’affirme en tout cas, cette année encore, comme une grande fête commerciale, laissant à d’autres le soin de poursuivre des réflexions sur de nouveaux matériaux et de nouveaux usages démocratiques et écologiquement responsables. Les facettes de la planète design se touchent, mais ne se ressemblent pas…

AUTRES EVENEMENTS ÉCHOS