ART | EXPO

Meriken Park

10 Jan - 28 Fév 2009
Vernissage le 10 Jan 2009

Tous les films de Romain Kronenberg partagent la même volonté de mêler paysage, architecture et corps humain, rythmés par un passage subtil de l’obscurité vers la lumière et pour lesquels la musique joue également un rôle capital.

Communiqué de presse
Romain Kronenberg
Meriken Park

Cette exposition est le fruit de la « Résidence  de création  multimédia » initiée en 2007 par la Ville de Beauvais, en partenariat avec le Labo – Espace culture multimédia et le soutien de la Drac Picardie. Romain Kronenberg a été accueilli au sein des Ateliers d’artistes de septembre à décembre 2008.

Par Claire Staebler, commissaire d’exposition indépendante.
De la musique au choix des acteurs, du tournage au montage, Romain Kronenberg envisage sa pratique comme un tout. Artiste multi-facettes, il parvient à remplir tous les rôles tout en cherchant à conserver un amateurisme, une légèreté dans la réalisation. Si Romain Kronenberg aime travailler avec des acteurs, professionnels ou non, dans ses films ou dans ses performances, la lumière détient toujours le rôle principal. Ses films, sept à ce jour, ont tous en partage la même volonté de mêler paysage, architecture et corps humain rythmés par un passage subtil de l’obscurité vers la lumière et pour lesquels la musique joue également un rôle capital.

Dans les dispositifs de Romain Kronenberg, les personnages, les écrans se retrouvent souvent au niveau du sol. L’artiste invite le spectateur à se courber, à s’agenouiller, à se rapprocher au plus près de l’image s’il veut voir pleinement ce qu’il s’y passe.

Après plusieurs expositions collectives, Romain Kronenberg réalise pour Beauvais sa première exposition personnelle conséquente dans le cadre de la Résidence de création multimédia de la Ville de Beauvais pour laquelle le double demeure une préoccupation récurrente.

Composée d’images, d’objets et de sons, l’exposition ne se veut pas moins comme un projet global dont la bande son pourrait constituer le fil rouge entre les différents univers en présence. Une fois de plus le paysage, le passage du temps, la ville et la quête du portrait composent les lignes de force de ce projet basé sur la sphère, l’intime.

Telle une partition de musique ou un scenario, les différentes scènes et moments composent un tout, un objet d’ensemble à l’intérieur duquel les choses se répondent les unes aux autres. À l’origine de chaque projet, il y a d’abord le film puis des images, objets ou dessins fonctionnant comme des satellites de ces films. Le spectateur est d’abord accueilli par l’installation Meriken Park. Filmée au Japon, dans la ville de Kobe, cette vidéo monobande est un plan fixe sur la ville dans lequel cohabitent une grande roue scintillante, emblème du parc d’attraction Mosaic Park et le mémorial des victimes du tremblement de terre de 1995.

À travers ce fil, Kronenberg cherche à capter le paysage urbain lorsqu’il devient le témoin de l’histoire d’une ville réseau ou d’une ville collage où les mondes contradictoires se juxtaposent. Les images désuètes et nostalgiques de la fête foraine sont renforcées par la présence dans l’espace d’exposition d’une roue identique, à une échelle réduite, recouverte de 600 leds et simplement posée contre le mur.

Cette roue statique fonctionne comme un élément de paysage artificiel dans un monde fait d’artifices. Dans les deux salles, trois diptyques et deux photos en grand format illustrent un certain mélange des genres à travers lequel les photos ressemblent à des écrans de télévision tandis que les vidéos sont très photogéniques. Les différentes images sont tirées des vidéos de l’artiste avec comme sous-titres des paroles extraites de chansons et confirment l’influence du registre rock chez l’artiste qui se définit lui-même comme post rock.

Dans le second espace, l’installation vidéo en diptyque présente les films De ma fenêtre et Fernweh – décrit précédemment – mais dans un nouveau dispositif. Fernweh, film d’horizon, doit son titre à une expression allemande évoquant la nostalgie d’un endroit qu’on ne connait pas. Une destination rêvée ou fantasmée. Un paradis utopique. Fernweh, alterne des images de la mer, filmées en Corse à l’automne, à celles de personnages statiques et fantomatiques.

Le second film, De ma fenêtre, a été spécialement réalisé pour l’exposition avec la Ville de Beauvais comme décor. Ville anonyme à travers ses équipements sportifs standards, l’artiste cherche simplement à mieux s’approprier cet espace. Les images récurrentes de la piscine montrent à quel point ce lieu très cinématographique apporte une quiétude et une sérénité particulière dans ce film privé de dialogues et où tout se construit sur des regards, des moments d’attente, des jeux improvisés.

Les personnages, deux adolescents, donnent l’échelle de la ville. Sur le second écran, projeté en parallèle, on découvre le paysage ininterrompu de deux tours. L’artiste construit le film comme un aller-retour entre les deux garçons dont on accompagne la progression et les deux tours filmées dans le quartier de Beaugrenelle à Paris, depuis sa fenêtre. Dans les deux cas, l’existence de chacun/chacune semble déterminée par la présence de l’autre. L’âge de l’adolescence, le moment indéfini où tout est encore possible appartient définitivement au répertoire de Kronenberg.

De ma fenêtre se construit comme une journée à travers différents lieux dont les variations de la lumière sont un indicateur du temps qui passe. Les images de Beaugrenelle suivent ces transformations de la lumière, et s’accordent avec la luminosité des images de Beauvais instaurant un parallèle entre les corps et les deux tours, entre corporel et architecture, entre sensuel et urbain.

De ma fenêtre est aussi une nouvelle étape chez l’artiste dans son désir de faire des portraits videos. Portraits de jeunes adolescents, portrait d’une ville, avec peut-être en creux d’autres portraits, d’autres histoires plus intimes. La musique est ici toujours froide et lointaine. Retour à la dualité, au double et au couple chez Kronenberg où tout marche par paire. De ma fenêtre résiste à toute tentative de narration et les mouvements du corps l’emportent sur la parole.

Autour de l’exposition
Projection du film Ad Astra de Romain Kronenberg
Mercredi 4 février 2009. 18h30.
Cinéma d’art et d’essai Agnès Varda / Asca, 8 avenue de Bourgogne, 60000 Beauvais / Entrée Libre
www.asca-asso.com

Conférence de Romain Kronenberg
Mardi 3 mars 2009. 17h30.
École Supérieure d’Art et de design / 40 rue des Teinturiers, 80080 Amiens / Entrée Libre
www.esad-amiens.fr

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