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Mémoire à l’oeuvre: entretiens. Conserver, restaurer, transmettre

«Mémoire à l’œuvre» est un projet collaboratif axé sur la mémoire active des œuvres qui a été mené pendant 4 ans à l’Ecole Supérieur d’Art d’Avignon. Ce livre rassemble l’ensemble des rencontres/entretiens entre les étudiants et les artistes invités autour des questions de conservation, de restauration et de transmission de l’art contemporain.

Information

Présentation
Gilles Coudert, Véronique Mori
Mémoire à l’œuvre: entretiens. Conserver, restaurer, transmettre

Depuis le début du XXe siècle, le champ de l’art contemporain ne cesse de s’étendre dans un mouvement perpétuel, expérimentant des matériaux improbables, utilisant de nouvelles technologies menacées d’obsolescence, jouant avec le caractère impermanent ou purement conceptuel de l’œuvre, rejetant toute limite. Les questions de conservation et restauration sont devenues cruciales dans la problématique si complexe de la création de notre époque.

L’atelier de recherche «Mémoire à l’œuvre» est un projet collaboratif, axé sur la mémoire active des œuvres, à travers la rencontre avec des artistes vivants. Mené de 2010 à 2014, dans le cadre de l’École Supérieure d’Art d’Avignon — qui a pour particularité de proposer deux parcours pédagogiques: Création-Instauration et Conservation-Restauration —, il a permis d’interroger à partir du processus créatif, les conditions de préservation, restauration et transmission de l’œuvre d’art contemporaine.

Ce livre rassemble les rencontres-entretiens des étudiants avec les artistes invités — plasticiens, cinéastes, architectes et écrivain —, lors de sessions régulières. Fabrice Hyber, Tadashi Kawamata, Anne et Patrick Poirier, Daniel Buren, Miguel Chevalier, Marie-Ange Guilleminot, Kimsooja sont ainsi venus échanger à propos du «mode d’emploi» de leur travail et de leur position par rapport au devenir de celui-ci. Les cinéastes Jean-Marc Chapoulie et François Ede ainsi que l’écrivain et critique Guy Lelong, ont élargi encore le champ des investigations en abordant le cinéma et la littérature. Enfin les architectes Hans-Walter Müller et Francesco Careri (Stalker) ont sensibilisé les étudiants à des pratiques liées à l’espace et au territoire.
À travers cet ensemble d’interventions, apparaît la complexité artistique, matérielle et éthique des pratiques liées à la conservation, la restauration et la transmission de l’art contemporain.

Ce livre est connecté avec le site internet: www.memoirealoeuvre.com

«Anne Poirier: Aucun artiste ne peut prétendre que toute son œuvre soit conservée. Mais c’est vrai, qu’en tant qu’artiste, personne ne souhaite voir ses œuvres ses travaux, disparaître. D’un autre côté la raréfaction peut-être aussi intéressante. Pourquoi cette œuvre plutôt qu’une autre? En fait je pense vraiment que si le travail est fort, même si par exemple sur une série de dix dessins, il n’en reste que deux ou trois ou un, il doit être assez fort pour encore résister à l’oubli des autres.

Patrick Poirier: On a dessiné beaucoup et on dessine toujours beaucoup sur un peu tout ce qui nous tombe sous la main: sur n’importe quel papier, avec des crayons ou des matériaux qui peuvent disparaître. On a des dessins qui ont presque disparu. Parce qu’à une époque justement on utilisait beaucoup des papiers de boucherie italiens, ou des emballages qui enveloppent théoriquement des pizzas, des trucs comme ça nous plaisaient. Mais ce sont des papiers très fragiles. Tous les plans qu’on relevait justement à cette époque-là, sont devenus assez fragiles parce qu’on écrivait avec des feutres qui n’avaient aucune qualité et qui n’étaient pas indélébiles. Donc, ça effectivement, c’est en train de disparaître.»

Sommaire
— Introduction
— Mémoire à l’œuvre/conserver, restaurer, transmettre. Gilles Coudert
— Mào, une pédagogie à l’œuvre, Véronique Mori
MÀO I
— Fabrice Hyber: Restaurer une œuvre d’un artiste vivant
— Tadashi Kawamata: La persistance de l’œuvre et la relativité des matériaux
— Anne et Patrick Poirier: Fragilité et esthétique de la ruine
— Daniel Buren: Maintenance des œuvres créées pour l’espace public
MÀO II
— Miguel Chevalier: La pérennité du virtuel, transmettre une œuvre numérique
— Marie-Ange Guilleminot: La mémoire du geste, l’œuvre portée
— Jean-Marc Chapoulie: Les images délaissées ou l’apologie du non choix
— Kimsooja: Le voyage immobile, performance, installation et vidéo
MÀO III
— François Ede
— Restauration, reconstruction, restitution du cinéma en couleur
— Guy Lelong. Les littératures à contraintes
MÀO IV
— Hans-Walter Müller
— L’architecture de l’air et l’impertinence de la disparition
— Francesco Careri: Éprouver le territoire