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Mel Bochner

03 Juil - 30 Sep 2007

Pionnier de l’art conceptuel mais aussi témoin et chroniqueur des mutations artistiques qui vont profondément affecter la scène américaine au milieu des années soixante, Mel Bochner développe depuis plus de quarante ans une œuvre radicale.

Communiqué de presse
Mel Bochner

Mel Bochner

L’œuvre de Mel Bochner oppose depuis plus de quarante ans programme et exécution, rigueur dans l’anticipation et imprévisibilité méthodologique. Chez ce pionnier de l’art conceptuel, qui fut aussi pour les revues Arts et Artforum un témoin et chroniqueur des mutations artistiques de la scène new-yorkaise depuis les dernières heures de l’Expressionnisme abstrait, une même suite ordonnée d’opérations n’aboutit jamais au même résultat.

Toutes sortes de procédures peuvent être trouvées dans l’activité de compter, par exemple. De même, mesurer une surface offre une infinité de variantes. Enfin, le langage, voué à l’exploration du monde, a sa propre épaisseur phénoménale. Or ce sont ces trois modes d’appréhension du réel que privilégie Mel Bochner depuis ses débuts : compter, mesurer, décrire. Et au lieu de voir dans ces outils mis à la disposition de chacun d’imparables moyens abstraits pour déjouer les pièges du concret, au lieu de compter sur l’universel pour mieux saisir le local, la démarche de Bochner se veut complètement subjective et s’enrichit de ses propres écarts, s’opposant ainsi à la radicalité de pacotille de certains de ses contemporains et ne se prévalant d’aucun brevet de bonne conduite lorsque l’artiste cite le philosophe Ludwig Wittgenstein. Bochner a été un éminent (et redouté) intervenant à l’université de Yale, mais il n’a jamais revendiqué le titre de professeur de philosophie. «Le langage n’est pas transparent», se moque-t-il. Or ce truisme toujours remis sur le métier nous éclaire sur la très douteuse aspiration de certains à un conceptualisme «pur». Pour Bochner, artiste pragmatique, le geste aussi a la parole et la subjectivité s’exprime précisément là où ne l’attendait pas. Toute tentative de mieux connaître le monde est entachée d’approximations. Et c’est ce tâtonnement permanent que l’œuvre de Bochner met en scène.

La rétrospective thématique que vient de consacrer à Mel Bochner l’Art Institute of Chicago, l’un des plus grands musées américains, s’est focalisée sur ses œuvres en relation avec le langage. Le Domaine de Kerguéhennec n’ambitionne pas de se montrer plus exhaustif ou plus pointu, il touchera à tout. L’exposition qu’il prépare intervient d’ailleurs à un moment particulièrement intéressant de l’œuvre de Bochner, où celui-ci reprend en quelque sorte sa liberté, lassé d’être assimilé aux seuls diagrammes muraux chiffrés qui l’ont fait connaître et qu’il ne renie pas, tenté par la couleur depuis le tournant des années 70-80, et en faisant un usage immodéré depuis les années 90. En introduisant de l’humour et de la couleur dans ses œuvres, Bochner ne retranche rien à la pénétration, à l’originalité et la précision de son propos. En frôlant la faute de goût, il s’affranchit de toute langue de bois.

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