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Matt Mullican

PEva Robillard-Krivda
@12 Jan 2008

Matt Mullican travaille à l’élaboration d’un nouveau système de perception du monde. A l’aide de pictogrammes, il invente un langage adapté au monde qu’il s’est créé: un monde parallèle fondé sur une réalité autre, mais aussi plausible, que la nôtre.

Matt Mullican travaille depuis plusieurs années à l’élaboration d’un nouveau système de perception du monde. A l’aide de pictogrammes, il invente un langage grâce auquel il développe sa propre cosmologie.
Ses dessins simples et intelligibles se combinent à cinq couleurs chacune symbolisant des notions fondamentales. Au niveau le plus bas, le vert désigne les choses essentielles telles que la nature, la matérialité des objets et la création qui ne résulte pas d’un processus mental. Le bleu regroupe ce qui est du domaine de l’inconscient comme les instincts, les automatismes ou les actes qui s’effectuent sans réfléchir. A l’inverse, le jaune englobe toutes les activités conscientes et contrôlées, artistiques ou scientifiques, par l’intermédiaire desquelles le monde est appréhendé et analysé. Le noir est, quant à lui, la couleur du langage en tant que système de signes abstraits. Le dernier niveau, le plus haut, est matérialisé par la couleur rouge, c’est le niveau de la réflexion, des valeurs spirituelles et de la subjectivité. Grâce à cette structure simple, Matt Mullican réorganise le monde avec ses propres signes. Véritable encyclopédie, son œuvre décline alors toutes les combinaisons qu’offre un système structuré et codifié.

Cette première exposition parisienne présente principalement des éléments en noir et blanc appartenant au quatrième niveau, celui du langage. Matt Mullican les utilise pour communiquer toutes les informations nécessaires pour pénétrer l’univers qu’il a créé. Néanmoins, ces œuvres aux fonctions principalement didactiques ne peuvent être interprétées sans que soit préalablement déchiffré son alphabet pictographique. Tels des notices, certains travaux en associant des dessins et des mots permettent de l’appréhender puisqu’un grand nombre d’actions, d’émotions et de sensations y sont transcrites en formes simples.

Au premier abord, le monde de Mullican paraît assez proche du nôtre. L’évolution de la planète, de l’homme et le cycle de la vie, de la naissance à la mort, sont pratiquement identiques. Toutefois, beaucoup de thèmes, par leur récurrence, prennent dans ce monde une tout autre importance. C’est le cas de la mort qui est ici omniprésente : mise en scène, elle devient fictionnelle. Jamais représentée comme une fin en soi, mais comme une étape de la vie qui permet d’accéder à d’autres lieu : l’enfer et le paradis. Matt Mullican confère ainsi une véritable dimension à la vie après la mort, contrairement à notre système où “l’au-delà ” reste soumis à la subjectivité de chacun, à la religion, voire à la société.
Le monde de Matt Mullican est, en définitive, un monde parallèle fondé sur une autre réalité, aussi plausible que la nôtre. Tout dépend de notre système de pensée et de notre mode de perception.

Matt Mullican :
Fictional Details ( Details from an Imaginary Universe) ,1975-1976. Feutre sur papier. 57,5 x 72,5 cm.
Fictional Dead People, 1991. 8 collages sur papier. De gauche à droite : 35,5 x 26,3 cm ; 28 x 21,5 cm ; 25,8 x 28,2 cm ; 28 x 21,5 cm ; 28 x 21,5 cm ; 15 x 23 cm ; 35,5 x 26,5 cm ; 28 x 21,5 cm.
Chart on Cylinders, 2000. 2 cylindres en verre. Chacun (extérieur) : ht 37 cm ; diam : 17,8cm.
Sans titre ( Animated Detail) : Water 3, 2001. Dvd.
Sans titre. Encre sur papier. 60,9 x 45,6 cm.

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