ART | EXPO

Marcher

13 Mai - 27 Juin 2010
Vernissage le 13 Mai 2010

Des dérives situationnistes aux marches de Richard Long en passant par les déambulations de Francis Alÿs, mettre un pied devant l’autre pour sortir de l’atelier, de la galerie, quitter les yeux de l’écran et mettre son corps en mouvement.

Hervé Beurel, Samuel Boche, Didier Courbot, Nicolas Durand, eDS collectif, Hamish Fulton, Vincent Victor Jouffe, Gabriel Orozco, Régis Perray, Laurent Tixador, Abraham Poincheval, Mathieu Tremblin
Marcher

Se fondre dans la réalité sans pour autant dissoudre la fiction qui se tisse à chaque pas, à chaque coin de rue, au détour d’un sentier, irrémédiablement.

Les signes et objets émergeant du réel croisent le flâneur, des intrusions transformant la réalité du monde en fiction, pouvant dessiner les traces d’un parcours onirique.

L’engagement dans une réalité, bien que prosaïque, motive l’imaginaire. Le moindre pas peut faire vaciller l’esprit, comme le corps lorsqu’il est en mouvement.

Jacques Rancière l’évoque très bien dans le chapitre les paradoxes de l’art politique dans son essai Le spectateur émancipé : « La fiction n’est pas la création d’un monde imaginaire opposé au monde réel. Elle est le travail qui opère des dissensus, qui change les modes de présentation sensible et les formes d’énonciation en changeant les cadres, les échelles ou les rythmes, en construisant des rapports nouveaux entre l’apparence et la réalité, le singulier et le commun, le visible et sa signification.»

Le fait de marcher est une constituante de notre humanité: pléonasme. On pourrait même s’avancer à dire que la marche serait un concept formulé par notre cerveau reptilien! En tous les cas, le fonctionnement numérique est basé sur une dialectique simple et ontologique 0 -1, -binaire. La marche repose analogiquement sur le même mécanisme: équilibre / déséquilibre. Elle engage la répétition du même geste.

Marcher, ce n’est donc pas faire grand chose, tout en faisant tout de même. C’est avant tout se déplacer, aller d’un endroit à un autre par ses propres moyens mais c’est aussi être dans cette occupation minimum qui permet le détachement, le regard, la pause et la reprise: la promenade citoyenne.

La marche implique le corps, dans son rapport aux éléments et au contexte, naturel ou pas, autant que dans sa mécanique physique primaire. Marcher c’est aller hors des sentiers battus, c’est découvrir, c’est se confronter à la nature, la jauger autant qu’elle nous juge.

Historiquement, se plaçer sur les pas d’un Friedrich ou d’un Courbet, dans une filiation romantique et solitaire.

Le désir d’aller vers, de trouver sans chercher, par détour, au cours de déambulation, d’immersion dans un quartier, une ville, une arrière cour. Une marche à dimension humaine, sur le qui-vive, dans un souci du signe, d’un archivage du présent.

Marcher, c’est fouler le sol, reposer sur, s’ériger, défier l’attraction terrestre: un acte sculptural. Construire, non plus dédoubler le réel par l’image mais expérimenter, vivre un fragment de ce réel. Cristalliser: donner du relief.

L’ensemble des œuvres et des artistes réunis au sein de ce projet d’exposition ont une seule et même ambition : interroger notre Monde, s’y confronter, le caresser ou l’analyser. La marche non comme une simple trajectoire mais bien comme un processus, une façon de ne pas être dissocié de ce qui nous construit: un accès au réel.

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