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Mapplethorpe, vivant. Réponses à des questions

En 2014, Robert Mapplethorpe fait déjà partie de l’histoire de l’art. Et pourtant, il existe encore des gens qui l’ont connu et qui ont été frappés par sa personnalité. Judith Benhamou-Huet propose une série d’entretiens avec des proches, des modèles, des collaborateurs et des spécialistes de l’artiste, une sorte de «mémorial» en souvenir du photographe.

Information

Présentation
Judith Benhamou-Huet
Mapplethorpe, vivant. Réponses à des questions

Il était une fois un jeune homme beau et dégingandé, né en 1946 dans le Queens, poète sans écrit, musicien sans airs, styliste sans collection mais animé par la grâce. Il cherchait un autre monde. Il le trouva à quelques dizaines de minutes en train dans la mégapole crasseuse, dangereuse et excitante de New York. Robert Mapplethorpe a patiemment construit un univers tout en contrastes comme l’était sa personnalité.

Il est mort à 42 ans du SIDA, héros et martyr d’une identité revendiquée, styliste d’une sexualité jusque là voilée et créateur d’un nouveau genre néo-classique en photographie. Dans le chaos des années 1970 et 1980 à New York, il imaginait un univers pictural en noir et blanc d’une extrême construction, dessiné avec un grand désir de perfection.

En 2014, Robert Mapplethorpe, c’est déjà l’histoire de l’art. Et pourtant il existe encore des gens qui l’ont connu, fréquenté, qui ont perçu — ou pas — son intimité, qui ont été frappés par sa personnalité. Ils témoignent. Leurs voix sont celles du souvenir.

Ce puzzle de témoignages est passé par le tamis sélectif du désir — ou pas — de se remémorer certaines choses et de les rendre publiques. Il faut garder en mémoire l’observation de James Joyce: «Nous sommes si fantasques que nous ne pouvons ou ne voulons concevoir le passé que sous une autre forme que celle d’un mémorial ayant la rigidité du métal.»
Ce livre est donc un petit «mémorial» à la rigidité relative, fait de paroles hétéroclites pour tenter de tracer comme dans un puzzle le portrait d’un artiste et d’un homme à la volonté de fer et à la sensibilité de velours.

«Judith Benhamou-Huet: Avait-il toujours une idée très précise des photos qu’il voulait faire?

Tina Summerlin: Oui. On avait l’impression qu’il était en transe. Il était simplement concentré à l’extrême. En général, il réalisait assez rapidement la photo qu’il avait en tête. Il pouvait aussi se montrer très direct avec le modèle dont il faisait le portrait. Il savait diriger les modèles de façon à ce qu’ils posent comme il voulait. Dans ses classeurs de négatifs on voit qu’il utilisait souvent peu de pellicules parce qu’il savait très vite avoir obtenu la bonne photo, la fabuleuse. Avec les fleurs, il prenait plus le temps de s’amuser.

J.B.H.: Que vouliez-vous dire en disant qu’il aurait souhaité devenir plus commercial?

T.S.: Robert a toujours voulu gagner de l’argent. Il était motivé par l’envie d’en avoir toujours plus. Il faisait des portraits de commande. Mais ce sont les photos de fleurs qui se vendaient le mieux. Son but était de s’impliquer stylistiquement dans la mode, l’édition, les objets, etc. Il a fait une table éditée à peu d’exemplaires.»

Sommaire
— Pierre Apraxine
— Diane de Beauvau-Craon
— Pierre Bergé
— Germano Celant
— John Cheim
— Lucinda Childs
— David Croland
— Marcus Leatherdale
— Dimitri Levas
— Edward Mapplethorpe
— Richard Marshall
— Ken Moody
— Howard Read
— Bettina Rheims
— Robert Sherman
— Michael Stout
— Amy Sullivan
— Tina Summerlin
— Jack Walls