ART | EXPO

Magnifiquement aluminium

29 Mai - 27 Juin 2015
Vernissage le 29 Mai 2015

Sur une proposition de Sarah Tritz, rencontre des univers d’Anne Bourse et d’Emilie Perotto. Anne Bourse travaille à partir de dessins et de collages. Emilie Perotto réalise des sculptures à échelle imposante. Toutes deux entretiennent un rapport fondamental à la production et à la matérialité de leurs œuvres.

Magnifiquement aluminium

Anne Bourse travaille à partir de découpages, de collages, de dessins, de fonds colorés, d’images imprimées, de dessins sur soie et parfois d’assemblages d’objets un peu «foutus» qu’elle chérit et à qui elle accorde sa confiance. Elle utilise une gamme chromatique précise: violet/rose/jaune/bleu/vert pâle/vert pomme/noir.

Chacune de ses œuvres est douée d’une évidente légèreté propre aux matériaux choisis. Cette matérialité nous dit profondément que l’essentiel de la vie se situe aussi ailleurs que dans une pénibilité ou un devoir.

On peut y voir une stratégie critique, malicieuse, pour déjouer les contingences matérielles quotidiennes. Ses formes ne doivent pas l’encombrer spatialement. Elle dessine régulièrement pour ses ami(e)s de faux billets de banque. Anne Bourse sait réaliser des formes magiques avec presque rien, elle crée sa propre économie, en sachant transformer du papier en un joyau.

L’installation Lever de soleil/Coucher de soleil/Où je suis en ce moment peut évoquer les chambres japonaises. La housse de couette est ornementée de cigarettes peintes à l’encre pour soie, les cigarettes «dansent le motif». Sur les murs noirs, Anne Bourse a aligné ces fonds aux couleurs passées, douces et très sensuelles.

A côté, un bouquet courbé, au squelette de bouteilles en plastique, de fleurs chapardées dans des halls d’immeubles et de cartes de visite imaginaires. Petit Ikebana secrétaire mélancolique, qui semble devoir prendre dix rendez-vous par jour, happé par les affres d’une compétition absurde.

Emilie Perotto réalise des sculptures à échelle imposante. Ses formes se construisent avec des matériaux coûteux, comme l’acier inoxydable, le topan noir, la fonte d’aluminium. Lumière blanche et argentée. Une démarche sans concession, ni superflu. Tout est démesurément préparé. Ce n’est pas fréquent d’être si rigoureuse dans l’anticipation d’une forme et de sa spatialisation.

Emilie Perotto fait appel à un savoir-faire qu’elle ne possède pas, travaillant régulièrement avec un artisan et d’autres fois avec des apprentis ferronniers ou encore des menuisiers qui ont réalisé pour et avec elle la forme désirée. Lors de la réalisation, Emilie Perotto intègre autant leurs points de vue que leur technicité. Les sculptures sont en quelque sorte la mise en forme du faire-ensemble. Elle élabore ainsi sa propre économie et sa propre chaîne de production.

Le sculpture L’esprit de contradiction (sculpture capucine)1/2 figure une armée de glaives noirs enfilés sur le tube-corps d’argent du Roi. Une sculpture majestueuse qui serait comme l’abstraction de La bataille de San Romano peinte par Uccello. Perception frontale. Les glaives en topan noir attendent d’être regardés et menacent de nous assommer. On imagine à travers le dessin de la sculpture une mécanique aux mouvements impitoyables.

 

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