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Love, Work, Truth and Beauty

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

L’artiste américain Matt Mullican propose un processus de construction et d’interprétation du monde. Par un travail essentiellement introspectif, il réinvente l’univers, traduisant à partir d’un système de classification personnel les phénomènes de la nature et la complexité de l’être humain.

La pratique artistique de Matt Mullican a toujours pris des formes très diverses : vidéo, performance, installation, photographie, peinture, composition graphique sur ordinateur… Son travail se concentre sur les signes : ceux qui envahissent le paysage de nos sociétés ou ceux, plus complexes, qui naissent de notre inconscient.
Depuis les années 70, Mullican explore de nouvelles manières de voir le monde. Ses travaux les plus connus sont des compositions graphiques qui construisent une cosmologie complexe à partir de signes et de pictogrammes.

On trouvera en début d’exposition un exemple récent de ce travail avec Evolving Chart Prints. Cette cosmologie de 48 dessins combine une série de signes graphiques auxquels l’artiste associe un langage de couleurs qui repose sur cinq notions fondamentales : le vert évoque la nature, le rouge le subjectif, le jaune les arts et les sciences, le bleu la vie quotidienne, le noir et blanc étant réservés aux signes et au langage.
Ce code, il l’utilise dans la plupart de ses œuvres et on le retrouve dans une grande toile investie d’une multitude de signes, exposée au fond de la galerie.

La composition graphique sur ordinateur et vidéo le sert aussi dans la création de nouvelles cosmologies, animées cette fois-ci. Deux d’entre-elles sont exposées côte à côte et explorent plus spécifiquement les thèmes de la vie et de la mort.
C’est aussi grâce à la vidéo que l’artiste peut restituer les performances qu’il a réalisées sous hypnose. On peut ainsi voir une projection où il s’agite et parle tout seul, déchire et plie un journal dans un moment de complète régression. Ici, Mullican veut accéder à un autre niveau de conscience, quand il laisse libre cours à un autre lui-même.

A l’étage de la galerie, on découvre l’installation de grandes feuilles de papier où l’artiste a inscrit et dessiné à l’encre noire tout ce qui lui venait à l’esprit au sortir d’une séance d’hypnose. Dans ce moment-là, amour, travail, vérité et beauté sont quatre notions vitales qui ressurgissent et prennent toute leur importance.
Au milieu de cet espace, une vidéo vient troubler l’immobilité des signes. Véritable métaphore de la démarche de l’artiste, elle montre comment la caméra sillonne tous les recoins d’une pièce, à l’image du travail d’exploration qu’il entreprend au cœur de son esprit.

Mullican invente un univers, traduisant à partir d’un système de classification personnel, les phénomènes de la nature et la complexité de l’être humain. Mais qui dit travail sur l’inconscient et sur la recherche d’une cosmogonie individuelle, dit travail complexe et souvent ésotérique. Pourtant, se dégage de cette exposition une certaine force, un caractère affirmé. Elle forme un tout, difficile mais cohérent. Mais au fond, qu’est-ce que l’art sinon un jeu avec les signes, la recherche d’un équilibre et d’une logique propre à l’objet et son créateur ?

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