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L’œil plié

03 Fév - 05 Mar 2017
Vernissage le 03 Fév 2017

L’exposition « L’œil plié » à la galerie parisienne Binome réunit les œuvres de huit photographes autour de la notion de pli. De façon délibérée, leur pratique s’approprie une question habituellement réservée à la peinture et à la sculpture, pour mieux explorer les dimensions matérielle et conceptuelle de l’image.

L’exposition « L’œil plié » à la galerie Binome, à Paris, invite huit photographes dont les œuvres accordent une place particulière à la notion de pli, pourtant habituellement absente du champ de la photographie.

La photographie se réapproprie la matérialité

La photographie intitulée Phenomenon de Mustapha Azeroual parvient à aborder la question du pli en diminuant son statut photographique pour épouser celui de la matière. L’image est au départ une vue aérienne d’un relief montagneux prise au téléphone portable en basse définition. La pauvreté des informations numériques en basse définition a annulé tout effet de relief, générant une vision entièrement plate. Cette image ensuite transposée sur des papiers japonais retrouve par le splis de cette matière souple le relief qu’elle avait perdu : elle retrouve la vérité de son sujet en se chargeant de matérialité.

Selon un procédé inverse, la photographie La Bourboule, 22/10, 16h00 de Marie Clerel ne doit ses plis qu’à elle-même. Ce cyanotype sur coton monté sur châssis ne renvoie que l’image de sa propre épreuve (le tissu a été froissé avant d’être repassé et tendu sur le châssis) et le luminosité naturelle. En effet, seuls les rayons du soleil font apparaître les plis du support et la photographie apparaît comme une auto-réflexion.

Le pli, un outil pour explorer les dimensions matérielle et conceptuelle de l’image

Chez Alfredo Coloma, le pli est l’outil d’un regard décalé et poétique voire politique. Un cliché extrait de la série Modern Problems expose de façon triviale un tapis au pied d’un canapé, tapis marqué par un gros pli. L’image du pli dans le tapis est une des imperfections de la vie quotidienne qui dans la série Modern Problems symbolisent la faillite du modernisme.

On retrouve la même absence volontaire de virtuosité dans la photographie #109, After Fischli and Weiss, de la série Les deux labyrinthes de Michel Le Belhomme. Ce cliché est une référence ironique à la sculpture Rock on Top of Another Rock des artistes suisses Peter Fischli et David Weiss. Réinterprétant le jeu d’équilibre et le rapport de force qui fondent l’œuvre originale, tout en faussant son monumentalisme, la photographie montre une sculpture de photographies semblable à une pyramide de cartes où chaque cliché porte un détail de la sculpture.

Les photographies de Mustapha Azeroual, Marie Clerel, Alfredo Coloma, Michel Le Belhomme, mais aussi Hélène Bellenger, Thomas Sauvin, Anaïs Boudot et Sergio Valenzuela Escobedo s’approprient toutes la question du pli de façon délibérée. A travers le pli, elles explorent les dimensions matérielle et conceptuelle de l’image.

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