DESIGN | CRITIQUE

L’Observeur du design 2008

PCéline Piettre
@16 Jan 2008

Une scénographie stellaire, aux visées pédagogiques, accompagne l’édition 2008 de l’Observeur du design, qui réunit à la Cité des sciences les 211 réalisations françaises les plus innovantes du secteur.

Le regard que nous portons sur les objets qui nous entourent est brouillé par le filtre du familier et son lot d’indifférences quotidiennes. Submergés par une offre matérielle toujours plus dense, nous sommes peu attentifs à l’intelligence des produits que nous utilisons, tous plus ou moins confondus en une masse homogène. Cécité par overdose…
Comme pour nous rappeler à l’ordre, l’exposition organisée pour la huitième année consécutive par l’Agence pour la promotion de la création industrielle — l’APCI — prend en compte le design dans toute sa diversité et entend bien nous prouver son omniprésence silencieuse.

Au programme : une sélection des créations françaises les plus remarquables, le plus souvent fruits de la coopération entre l’industriel et une agence de design extérieure. Équipements sportifs, meubles et luminaires, jouets, vaisselle, interface de navigation, sacs à main et « joujous » technologiques…Toute la panoplie des « choses » qui peuplent notre vie de tous les jours en la rendant moins laborieuse. Aucun domaine n’est exclu de ces réjouissances, du design industriel au design virtuel —créateur d’environnements —, en passant par le prêt-à-porter et le packaging d’objets.

En guise d’écrin et de plan de route, une scénographie en étoile est conçue par l’agence NC, à qui l’on doit déjà les expositions « Samuel Beckett » ou « Le Rock’n Roll », respectivement présentées au Centre Pompidou et à la Fondation Cartier, à Paris.
Chacune des branches de cette super nova fictive, marquées au sol et en hauteur par un ruban de couleur jaune, attend d’être explorée, en cela qu’elle donne à découvrir un aspect spécifique de la création en design : ergonomie et confort, plaisir des sens, performance, mobilité, identité, développement durable, infiltrations de nouveaux territoires.
Ainsi, de déplacements en découverte, on prend conscience des divers impératifs et objectifs du designer, de ses liens étroits avec le monde de l’entreprise — évoqué par les gros rouleaux situés au centre de l’espace scénographié.

Il reste cependant difficile pour le commun des mortels de percevoir les qualités techniques et fonctionnelles d’une clé à filtre à l’huile ou d’un chariot télescopique. Á l’inverse, on s’étonne de la présence de notre Vélib’ parisien, connu pour les avantages qu’il offre en termes de divertissement et de transport écologique, aussi bien que pour la complexité d’utilisation de son interface et son défaut de maniabilité.
Difficile encore de s’y retrouver parmi la multitude de récompenses — Étoiles, mentions spéciales, prix du public — et d’objets primés — 43 au total.
Mais qu’importe, puisqu’au final, une phrase s’impose à nous, empruntée à un sociologue récemment décédé et momentanément sortie de son contexte : « l’objet n’est plus ce qu’il était ». Et pour accompagner ces quelques mots de Jean Baudrillard, nous garderons en tête l’élégant vélo pliant MY16, et la gamme de packaging coloré pour voyants et non-voyants : Transversal, qui allient inventivité, protection de l’environnement et respect de l’autre dans sa différence. C’est finalement ce qu’on attendrait de notre modernité…

AUTRES EVENEMENTS DESIGN