LIVRES | ESSAI-CINÉMA

L’Inversion temporelle du cinéma

Le contre-temps soulève au cinéma tout un pan inconnu du temps. La figure de l’inversion temporelle traverse aussi bien des classiques que des œuvres plus rares du cinéma expérimental et de l’art vidéo. Avec cet ouvrage, Paul-Emmanuel Odin réactive la subversion de cette figure contradictoire à travers un vaste corpus d’œuvres et d’approches.

Information

  • @2014
  • 2978-2-84761-762-2
  • \20€
  • E340
  • Znon
  • 4Français
  • }150 L - 210 H

Présentation
Paul-Emmanuel Odin
L’Inversion temporelle du cinéma

L’inversion temporelle étourdit le spectateur de cinéma depuis l’invention du cinématographe: les frères Lumière montraient dès les premières projections un mur démoli qui se redresse, ou des plongeurs qui sortent de l’eau et reviennent sur leur plongeoir. Derrière le trucage élémentaire du défilement inversé, il y a un enjeu philosophique essentiel pour le cinéma et pour le temps lui-même.

Le cinéma est-il l’art du temps, ou l’art d’un contretemps plus mystérieux qui se décline sous d’innombrables facettes? De l’inversion temporelle pelliculaire la plus spectaculaire, parfois dénuée de sens, à toutes les sortes de retours dans le passé qui défient la mort, l’irréversible, la causalité, la raison, la pensée, l’ordre, il nous faut rester auprès de cette énigme: Le cinéma est la seule expérience où l’inversion temporelle nous est donnée comme une perception.

Cette figure traverse aussi bien des classiques de l’histoire du cinéma (Chaplin, Cocteau, Dreyer, Coppola, Bergman, Wells, Lynch, Haneke, etc.), que des œuvres majeures ou des curiosités insolites et rares du cinéma expérimental, de l’art vidéo, de l’art contemporain, de l’installation, la musique et la littérature. Dziga Vertov a été jusqu’à mobiliser l’inversion temporelle comme forme révolutionnaire pour renverser le temps bourgeois capitaliste dans le film Ciné-œil

Avec un vaste corpus d’œuvres et d’approches, ce livre réactive la subversion de cette figure contradictoire, plus que jamais nécessaire en ces temps de mélancolie post-moderne et post-politique.

«On pourrait citer d’innombrables films classiques où l’inversion temporelle surgit sans cause, sans récupération symbolique (magie, retour dans le passé, etc.), pour mieux affecter la matière du cinéma et notre perception. Quelque chose d’unique, d’inouï, et qui n’appartient qu’au cinéma, à sa dimension muette faudrait-il même dire, se montre là et constitue un événement suffisamment important pour que nous devions nous y arrêter.

De quels imaginaires temporels l’expérience cinématographique tire-t-elle son jeu, son ambivalence? Pour Jean Epstein, sans hésitation, c’est la réversion temporelle qui détient le secret du temps du cinéma, sa «signification réelle», sa puissance révolutionnaire.»

Sommaire

— Introduction: À la recherche temps inversé — terra incognita?
Première partie. Contretemps (renversement)
— Chapitre I: La révolution anti-philosophique de Jean Epstein
— Chapitre II: Deux figures contre la pesanteur
— Chapitre III: Contre-temps: la révolte de l’enfance
— Chapitre IV: L’envers c’est le mal
— Chapitre V: L’envers contre l’endroit
Deuxième partie. Rétrotemporalité, passéité, idéalité
— Chapitre I: De la rétrotemporalité platonicienne à la nostalgie chez Jankélévitch
— Chapitre II: La rétrotemporalité narrative: un macrofigure
— Chapitre III: Régressions
— Chapitre IV: Retours remarquables dans le temps: microfigures
Troisième partie. Des images sans cause
— Chapitre I: L’ab-sens de sens
— Chapitre II: L’unité de l’envers et de l’endroit du temps (lyrosophie)
— Chapitre III: L’inversion spatiale contre l’inversion temporelle
Quatrième partie. Je pense donc je régresse dans le temps
— Chapitre I: Défilement critique
— Chapitre II: Penser à rebours: de Blanchot à Gary Hill
— Conclusion: Le démon de la contradiction
— Annexes