ART | EXPO

Les Immémoriales

02 Mar - 23 Juin 2013
Vernissage le 01 Mar 2013

Nourries de la mémoire vive des peuples andins, amérindiens et aborigènes d’Australie, trois artistes de générations et d’horizons différents, Agnes Denes, Monika Grzymala et Cecilia Vicuña, proposent un voyage sensoriel et poétique au cœur des préoccupations politiques qui animent nos sociétés du Premier monde.

Agnes Denes, Monika Grzymala, Cecilia Vicuña
Les Immémoriales

«Nous exploitons la Terre à la limite de ses capacités. Il est temps pour nous de prêter une oreille neuve aux voix des Anciens.» (Cecilia Vicuña)

Apparus dans les années 1960 pour dénoncer les excès de la société de consommation et de l’industrialisation à outrance, les mouvements écologistes ont modifié en profondeur notre rapport au monde.

Ils ont réussi à imposer dans les consciences l’idée que l’être humain est responsable d’une dégradation générale de la planète: les ressources naturelles sont pillées, les sources d’eau se tarissent, les terres ancestrales sont exploitées, les populations autochtones disparaissent… Des traditions orales millénaires s’éteignent, et avec elles, un pan de la culture et de l’histoire humaine sombre dans l’oubli.

Refuser l’oubli et la disparition pour réinventer un être-au-monde basé sur l’égalité, le respect et la liberté… Telle pourrait être l’ambition d’Agnes Denes, Monika Grzymala et Cecilia Vicuña.

Ces trois artistes ont en commun une conscience éthique et esthétique qui guide leur rapport au monde et aux autres. Leur art est éphémère, passage et transmission, habité par la mémoire à vif de peuples et de territoires avec laquelle elles tissent le présent et construisent le futur.

En 1968, Agnes Denes (1931, Hongrie) réalisait sa première intervention «éco-logique» dans l’état de New York annonçant ainsi son engagement dans les questions environnementales et les préoccupations humaines.

En 1977, elle performait de nouveau le rituel Rice/Tree/Burial près des chutes du Niagara, une «allégorie du cycle de vie» associant plantation d’une rizière, enchaînement d’arbres dans une forêt sacrée jadis cimetière indien, tournage d’un film depuis les chutes et enfouissement d’une capsule témoin adressée au «Homo Futurus» de 2979.

Poète et artiste, Cecilia Vicuña (1948, Chili) crée depuis les années 1960 des installations qui convoquent l’esprit des premiers habitants des Andes. Elle y tisse ensemble le passé et le présent, au sens propre comme au figuré.

Ses Quipus s’inspirent du système d’«écriture» des peuples indiens (des bandes de tissus noués) bannis par la conquête espagnole. Les longues bandes de laine colorées qui animent l’installation immersive Quipu Austral (2012-13) composent une ode chatoyante et tactile à la communion de l’Homme et du cosmos.

Les interventions architecturales éphémères de Monika Grzymala (1970, Pologne) naissent de lignes physiques et mentales et de matériaux communs et fragiles (papier fait main, scotch, bandes magnétiques…).

Elle a réalisé The River en 2012 en collaboration avec Euraba Paper Makers, un collectif de femmes aborigènes d’Australie fabricant du papier artisanal à partir des résidus de l’industrie du coton implantée sur leurs terres ancestrales. L’eau, indispensable à la fabrication du papier, est au cœur de la culture du peuple Goomeroi. The River inonde l’espace d’exposition de milliers de feuilles en papier blanc suspendues, rivière de larmes évoquant les esprits perdus.

Tissant le fil de l’eau pour retrouver le fil de la vie, cette exposition renoue le lien vital unissant l’homme à la Terre.

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