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Les fantômes de la crique: remix

28 Août - 19 Sep 2015
Vernissage le 27 Août 2015

Le duo d’artistes Pascale Stauth et Claude Queyrel a choisi de remettre en jeu une partie de sa production récente en offrant la possibilité à deux artistes, Antoine Grulier et Pierre Pauselli, de réinvestir certaines de ses réalisations. L’exposition présentée à Art-cade sert de laboratoire à l’ensemble de ces protocoles d’appropriation.

Pascale Stauth & Claude Queyrel
Artistes invités: Pierre Pauselli & Antoine Grulier

Les fantômes de la crique: remix

Le projet Les fantômes de la crique se développe autour de la figure d’un couple, celui formé par les artistes Hans Hartung et Anna-Eva Bergman, et à partir de la maison qu’il construisirent lors du séjour sur l’île de Minorque de 1932 à 1934 . À travers cet épisode, nous avons entrepris un travail qui croise le parcours de plusieurs artistes qui, confrontés à des situations d’exil et en retrait des centres artistiques, ont été amenés à appréhender leur histoire personnelle et artistique
de façon différente.

Dans ces conditions, la figure archétypale du couple occupe souvent une place particulière:
— Ainsi, Max Ernst et Léonora Carrington qui s’installent à St Martin d’Ardèche en 1938 et réalisent un ensemble de sculptures et de peintures sur les murs intérieurs
et extérieurs de la maison qu’ils habitent.
— Wols et Gréty Dabija qui se marient lors de l’internement de Wols au Camp des Milles en 1940, cette union lui permettant d’être libéré en devenant citoyen français.
— Ou Jean Arp et Sophie Taeuber qui, après avoir construit leur maison-atelier à Clamart en 1929, s’exilent à Grasse en 1941. Sur place, ils constituent avec Sonia Delaunay, Alberto Magnelli une «colonie d’art» et réalisent des œuvres collectives. Le dialogue ouvert avec ces couples s’est matérialisé dans une partie de nos travaux exposés au Musée de Minorque, à la Fondation Hartung-Bergman et en gare SNCF de Marseille via «Gares & Connexions».

Depuis une vingtaine d’années, nous avons travaillons dans des contextes qui ne relèvent ni du seul monde de l’art, ni d’une pratique solitaire, en essayant de prendre en compte une certaine altérité, à l’intérieur de notre couple et au-delà. […] Lorsque la Galerie Art-Cade nous a sollicité pour participer à sa programmation «Duos», il nous a semblé intéressant de remettre en jeu une partie de notre production récente (Les fantômes de la crique) en offrant la possibilité à deux jeunes artistes (Antoine Grulier et Pierre Pauselli) dont une partie de l’activité créatrice est commune, de réinvestir certaines de nos réalisations.

Depuis avril 2014, nous mettons à disposition de ces deux artistes des documents photographiques de notre travail en cours, en leur proposant de les exploiter comme matériau de production. Ce mouvement d’interprétation à partir de documents constitue l’un des principaux axes du projet Les fantômes de la crique. En partant d’un matériau historique, nous avons envisagé notre travail, non comme un instrument de l’exploration du passé, mais plutôt comme un médium afin d’en mesurer l’actualité dans sa réactivation contemporaine. Celle-ci, procédant par interprétations, prend donc des distances avec ses modèles et ne recherche pas de stricte fidélité ou conformité.

En ce sens, l’invitation, faite à un duo (et non à un couple), à de jeunes artistes (et non de notre génération) nous semble capable d’amener autant d’éléments hétérogènes mais voisins qui permettent de mesurer des décalages, des distorsions mais aussi de trouver des points d’échos, de synchronisations. Tout ce vocabulaire d’actions, constitue un pan très fertile de la création que la musique actuelle, à travers les remix, exploite et que nous proposons ici d’offrir à interprétations
plastiques.

L’exposition à la galerie Art-Cade n’est ni monographique ni collective. En proposant au duo de s’approprier certains de nos travaux qui ont pour objet d’autres couples historiques, des croisements s’opèrent avec des temporalités et des pratiques différentes; un ensemble d’auteurs s’y retrouve donc, de fait, exposés.

En plus des réalisations d’Antoine Grulier et Pierre Pauselli à partir d’éléments piochés dans notre iconographie, nous proposons d’installer 3 éléments en plaques de polycarbonate (“bibliothèque”, “table de cuisine” et “cheminée”) qui constituent des parties de la maison d’Hartung et Bergman construite à Minorque. Ils sont proposés comme supports pour certaines de leurs productions: céramiques, éditions, etc. Comme le sombrero qui, «pendu au dossier» des chaises, fait que celles-ci «ne sont plus seulement des chaises» (W. Benjamin), ces trois modules sont mis à disposition afin que le duo les soumettent à des usages variés et inédits.

Enfin, notre série de tabliers, costumes réalisés pour interpréter certains couples, seront exposés pour la première fois, ainsi qu’une version blanc opale de nos Sémaphores qui utilisée dans ce contexte, renforcera ainsi la présence fantomatique, de nos objets en regard de ceux d’Antoine Grulier et Pierre Pauselli. L’ensemble de ces protocoles d’appropriation constitue l’objet et l’ambition de cette invitation, l’exposition en sera le laboratoire.

Claude Queyrel et Pascale Stauth (Extraits de la note d’intention)

Vernissage

Jeudi 27 août 2015 à 18h30

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