ART | EXPO

Le précieux pouvoir des pierres

30 Jan - 15 Mai 2016
Vernissage le 29 Jan 2016

Dans un cabinet de curiosité, au sein d’une installation où protagonistes d’une vidéo, taillées, détournées, les pierres, précieuses ou non, sont employées par les artistes pour leur importance dans l’imaginaire collectif. Le MaMac réunit des œuvres qui en font usage.

Marina Abramovic, Michel Blazy, George Brecht, James Lee Byars, Pierre-Laurent Cassière, Marion Catusse, Marine Class, Hubert Duprat, Jean Dupuy, Paul Armand Gette, Isabelle Giovacchini, Guillaume Gouerou, Laurent Grasso, Alicja Kwade, Didier Mahieu, Aurélien Mauplot, Eric Michel, Damian Ortega, Eve Pietruschi, Emmanuel Régent, Evariste Richer, Jean-Philippe Roubaud, Bettina Samson, Valentin Souquet
Le précieux pouvoir des pierres

Aujourd’hui force est de constater l’engouement des artistes actuels pour la minéralogie et plus spécifiquement pour le précieux pouvoir des pierres. L’exposition imbrique plusieurs temps restituant les différentes résonances et vibrations singulières que les artistes confèrent aux minéraux. Une première traversée invite à un voyage spirituel dans la relativité spatio-temporelle ouvrant sur l’imaginaire et la symbolique engendrés par les phénomènes occultes et les grands mystères de la nature. Puis, vient le temps de la collecte et de la représentation dans lequel le visiteur est transporté dans une sorte de cabinet minéralogique parsemé de simulacres et de vanités.

Shoes for Departure (1991) de Marina Abramović présente deux monolithes d’améthyste taillés en sabots invitant le visiteur à un voyage immobile au cœur du pouvoir des pierres. La sculpture élégante et minimale de marbre blanc Thin disk with hole (1994) de James Lee Byars se dresse face au spectateur et soulève des questions ontologiques. De l’autre côté du miroir, tel un passage, l’installation fluorescente d’Eric Michel, Fluorescences (2015), met en interaction monochromes et fluorites révélant, sous les effets de la lumière noire, un environnement où tout semble connecté sans passer par le filtre du langage. L’installation vidéo Psychokinesis (2008) et les tableaux à l’esthétique faussement médiévale ou renaissante de la série «Studies into the Past» de Laurent Grasso attestent du phénomène de la lévitation de la pierre par la pensée dans une temporalité en suspens. Les expérimentations scientifiques et photographiques du XIXème siècle nourrissent les œuvres de Bettina Samson et d’Isabelle Giovacchini basées sur la représentation des phénomènes occultes, entre apparition et disparition.

Dans un jeu de métaphores et de mythologies totalement démystifiées, Paul-Armand Gette associe des représentations de nus et sexes féminins à des roches volcaniques et phalliques en des sortes d’autels mystérieux intensifiant la charge érotique de ces installations qui semblent hors du temps. Masque à faire tomber la neige (2010) d’Evariste Richer rapproche un morceau de calcite naturel à la fonction rituelle du masque. Cinco anillos (2011) de Damián ORTEGA assemble des fragments de verre coloré, d’alliage (zamac), de câble métallique, de papier de verre et de tezontle, roche volcanique rouge utilisée dans le domaine de la construction au Mexique, en une sphère cosmique en fonctionnant comme un piège optique renvoyant à la magnétosphère et plus précisément aux anneaux d’Uranus. Dans cette évocation du micro et du macrocosme, l’œuvre Sol (2015) constitue une version recentrée à partir d’une simple boule de carton-pâte.

Michel Blazy crée ses propres agates et septarias à partir d’un simple rouleau de papier peint, gorgé d’eau et de colorant alimentaire. Ces Pierres qui sèchent (2015) évoluent ainsi au fil du temps, rejouant ainsi les effets de la cristallisation et rappelant que les pierres en apparence inertes demeurent en perpétuelle mutation et enregistrent, tel un sismographe, les pulsations de la planète. Lucy (2004-2006) d’Alicja Kwade représente un diamant noir à partir de charbon compressé et d’agent adhésif. Disposé sous cloche, la sculpture n’a rien à envier aux diamants les plus précieux.

Marine Class transforme une boîte à outils en une collection miniature et mobile de petits cailloux évoquant les pierres des lettrés chinois. Hubert Duprat assemble en un tas disposé au sol, plusieurs tonnes de magnétites, telle une sculpture minimaliste et conceptuelle. Ces pierres naturellement aimantées et taillées en cabochon dessinent un amas étrange oscillant entre l’amoncellement de bijoux scintillants et une concentration de diptères nécrophages, cette sculpture susurre à l’oreille du spectateur le précieux avertissement «Souviens-toi que tu vas mourir».

Informations pratiques
Mardi-dimanche, 10h-18h
Renseignements: 04 97 13 42 01

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