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Le Grand écart. L’Eau barrée

25 Avr - 26 Juil 2014
Vernissage le 24 Avr 2014

Dans ses photographies, Beatrix von Conta interroge le rapport de l’homme à la nature et cherche à représenter les failles ou les incohérences de certains espaces, qui inspirent le refus plutôt que l’adhésion. L'exposition, qui s'articule autour de deux séries photographiques Le Grand écart et L’Eau barrée,  présente une réalité paysagère aux visages multiples et parfois contradictoires.

Beatrix von Conta
Le Grand écart / L’Eau barrée

L’attention de Beatrix von Conta se porte davantage vers ce qui exprime, aujourd’hui, le difficile rapport de l’homme à la nature, cette cohabitation parfois durement négociée avec ses incohérences et maladresses. Elle décèle dans l’incohérence et les failles visibles de certains paysages une beauté particulière, une émotion. Ces défauts représentent les stigmates d’une histoire, du temps présent.

La première rencontre de l’artiste avec la Gaspésie fait suite à une invitation par les Rencontres Internationales de la Photographie en Gaspésie/Québec en 2011, qui s’est poursuivie sous forme d’une résidence en 2012. Photographier le paysage exige un positionnement face au monde et tout voyage en terres inconnues représente un défi, impose une posture, ce que Beatrix von Conta a nommé ici: Le Grand écart.
Il s’agit de trouver la bonne distance, de percevoir, malgré l’éblouissement de la rencontre, ce qui semble significatif et juste dans les facettes que le réel donne à voir.
Cette nouvelle expérience du paysage, mais aussi de l’amitié, a été placée sous le signe d’une pluie fine et durable, rideau gris somptueux et velouté, ralentissant l’entrée des images sur la scène photographique. Photographier c’est aussi faire avec, cela ne veut pas dire se contenter, au contraire, c’est créer à partir d’un réel qui lui ne se plie jamais à nos désirs.

Au fil des jours et des kilomètres parcourus s’est formé un ensemble photographique loin des stéréotypes de «terre vierge» que le voyageur pourrait attribuer à ce territoire singulier du Québec. Le Grand écart n’est pas une carte postale de la Gaspésie. Il explore avec un réel attachement ces paysages subtils et silencieux, aux configurations spatiales loin de celles rencontrées sur le continent européen, mais «griffés» de plus en plus, et souvent d’une façon indélébile, par les traces produites par l’activité humaine.

Depuis de nombreuses années, l’eau s’est imposée comme un sujet majeur dans l’approche photographique du paysage contemporain de l’artiste. La thématique des barrages est présente dans nombre de ses séries depuis une dizaine d’années. Ces incroyables forteresses grises, dominant la puissance de l’eau au milieu de paysages harmonieux, leur artificialité s’oppose au contexte naturel. Fascinants, à la fois séducteurs et inquiétants, les plus impressionnants sont devenus au fil du temps des lieux d’excursion, alimentant un tourisme industriel de plus en plus prisé.

Source de production énergétique, régulateurs de crue, ou réserves d’eau alimentant des villes entières, le public ne retient habituellement que les noms des ouvrages particulièrement marquants et monumentaux ainsi que l’aspect positif d’une production d’énergie hydraulique renouvelable non-émettrice de gaz à effet de serre. Il oublie souvent que la majorité des rivières françaises se trouve «corrigée» par toutes sortes de dispositifs de régulation, certes plus discrets, mais qui influencent considérablement et durablement la structure du paysage ainsi que les écosystèmes aquatiques.

Dans L’Eau barrée, un projet actuellement en cours, Beatrix von Conta ne souhaite pas dramatiser l’impact visuel déjà fort de ces ouvrages mais, cherche plutôt à entremêler des fragments d’une réalité paysagère aux visages multiples et contradictoires.

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