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L’artiste commissaire

Oscillant entre compromis et transgression, la figure de l’artiste commissaire est devenue particulièrement influente dans le milieu de l’art. Julie Bawin nous montre comment cette dernière s’est imposée au gré d’une histoire longue et complexe qui tient tant aux diverses stratégies déployées par les créateurs qu’aux transformations progressives du paysage institutionnel de l’art.

Information

Présentation
Julie Bawin
L’artiste commissaire

En 1970, dans les réserves du Musée d’art de la Rhode Island School of Design à Providence, Andy Warhol prépare avec ses collaborateurs le troisième volet de l’exposition «Raid the Icebox». Loin de son personnage de dandy aux cheveux platinés et au visage fardé, le pape du Pop art est montré dans un rôle que l’on connaît peu de lui et que pourtant bien des artistes après lui assumeront: celui de commissaire d’exposition.

Aujourd’hui, nous sommes habitués à ce que des plasticiens, des écrivains, des cinéastes, des stylistes, et même des joueurs de football, soient invités à mettre en scène des œuvres conservées dans un musée. Nous ne sommes pas davantage surpris de voir des artistes exposer leurs pairs, diriger des manifestations artistiques internationales, s’associer à des curateurs de profession ou, à l’inverse, être les commissaires de leurs propres expositions.
L’artiste serait-il devenu un nouveau professionnel de l’art ou, comme l’aurait dit Marcel Broodthaers, un «administrateur culturel»? À vrai dire, les choses sont plus complexes car cette figure de l’artiste commissaire, désormais si influente, reste profondément ancrée dans un système de valeurs et d’exigences qui, depuis la fin du XIXe siècle, oscille entre le compromis et la transgression, entre le souci d’être à la fois dans l’institution et hors d’elle.

La visée du présent ouvrage est précisément de montrer comment la figure de l’artiste commissaire s’est imposée au gré d’une histoire longue et complexe qui tient tant aux diverses stratégies déployées par les créateurs qu’aux transformations progressives du paysage institutionnel de l’art. Cette histoire était d’autant plus importante à écrire qu’elle ne révèle pas seulement une évolution du statut de l’artiste et du métier de commissaire, mais un phénomène plus large qui pose la question de l’exposition comme méta-œuvre et, plus encore, comme lieu et instrument de pouvoir.

Docteur en histoire de l’art contemporain, Julie Bawin enseigne à l’Université de Liège et à l’Université de Namur.

Sommaire
— Introduction
PREMIERE PARTIE. LA VOIE DE L’INDEPENDANCE
— Chapitre I. L’auto-exposition comme principe de solidarité
— Chapitre II. L’autogestion: une alternative pour les collectifs d’artistes
— Chapitre III. L’autopromotion au service d’un projet individuel
— Chapitre IV. Exposer son cercle: de l’artiste galeriste au curateur indépendant
DEUXIEME PARTIE. L’ARTISTE COMMISSAIRE ET LE MUSEE: UNE HISTOIRE AMBIVALENTE
— Chapitre I. Genèses du commissariat d’artiste
— Chapitre II. Le curating selon Marcel Duchamp
— Chapitre III. Polyvalence de l’artiste au temps du Bahaus
— Chapitre IV. De l’œuvre-musée au musée-œuvre
— Chapitre V. Du commissaire artiste à l’artiste commissaire
TROISIEME PARTIE. L’INSTITUTIONNALISATION D’UN GENRE
— Chapitre I. Réactualiser le patrimoine muséal
— Chapitre II. S’auto-exposer au musée
— Chapitre III. Exposer ses pairs
— Chapitre IV. Enrôler les œuvres d’autrui
— Epilogue. Quel commissaire d’exposition pour demain?
— Bibliographie
— Index des noms et des lieux