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« L’Amour »

PGéraldine Selin
@12 Jan 2008

Un faire expressionniste appliqué à des portraits et autoportraits. Non la ressemblance comme rapport externe de représentation, mais l’identité comme rapport entre objectivité du monde et subjectivité du monde. 

La galerie Templon présente un jeune peintre allemand, Jonathan Meese, qui a déjà exposé à Berlin, Vienne et New York. On le dit obsédé par le culte du héros. Ses peintures montrent un artiste aux prises avec la question de l’identité.

On peut parler d’un faire expressionniste — non d’une touche car la quantité de matière empêche de penser le pinceau — d’une manière non soignée qui frôle avec le barbouillage. C’est un empâtement plein de vagues, souvent de plusieurs centimètres d’épaisseur. Quand on s’éloigne, c’est une figure animale ou humaine ou un peu des deux, toujours un peu noire même si les couleurs sont vives ou claires.

Quand on regarde les peintures de Meese, on pense à Baselitz, et parfois à Munch. Des artistes qui ont travaillé la figure humaine en peinture, qui ont montré des visions particulières de l’humain. Des œuvres qui montrent toujours que « l’expressionnisme » n’est pas seulement un mouvement artistique et littéraire d’un temps et d’un lieu donnés, mais révèle la subjectivité comme principe de construction de l’œuvre. C’est-à-dire l’invention par un sujet d’un rapport au monde, la subjectivation de nos catégories de relation au monde et à l’histoire.

On parle de l’imagerie éclectique de Meese, de ses identités hybrides comme celle de Balthysmeese inspirée du peintre Balthus. Artaud donne une place à Balthus dans son théâtre de la cruauté qui est « l’affirmation d’une terrible et d’ailleurs inéluctable nécessité ». Cruauté comme nécessité comme vie comme acte. A propos de Balthus, il écrit : « Le nu auquel je pense a quelque chose de sec, de dur, d’exactement rempli, et de cruel aussi, il faut le dire. Il invite à l’amour mais ne dissimule pas ses dangers » (exposition à la galerie Pierre, mai 1934).

Meese peint une galerie de portraits qui sont autant de personnages de fiction comme celui du Loup. Un portrait nous fait voir quelqu’un sous une forme qu’on ne voyait pas. Il nous fait voir une vérité subjective. Peut-être un jour le loup ressemblera-t-il à Jonathan Meese. Portrait et autoportrait : ce n’est pas la question de la ressemblance comme rapport externe de représentation, mais la question de l’identité comme rapport entre objectivité du monde et subjectivité du monde.  

Jonathan Meese
Série d’huiles sur toiles

Entrée :
— Mönch Meesewolf, 2002. 80 x 60 x 3,50 cm.
— Der erste Marshall O’Greedy Deathl son, 2001. 100 x 80 x 1,70 cm.
— Der Ölsheriff Japan’s, 2001. 100 x 80 x 1,70 cm.
— Sie nannten Ihn (« Old Nick ») , 2001. 100 x 80 x 1.70 cm.
— Mr Gelbpimmel im großen Gebirge, 2002. 210 x 140 x 2 cm.

Grande salle :
— Echnaton de Large, 2002. 180 x 100 x 3,50 cm.
— Gnaeus de Large (in bräunlicherBärenmilch), 2002. 100 x 70 x 3,50 cm.
— Ich, der pyramidale Chinesische Fluss, 2002. 190 x 150 x 3,50 cm.
— American Werwolf de Large, 2002. 120 x 90 x 2 cm.
— Colonel de Mees, 2002. 100 x 70 x 2 cm.
— Saalpfarrer Meese, 2002. 210 x 140 x 2 cm.
— Don Knurrhahn (Selbstportrait), 2002. 210 x 140 x 2 cm.
— Mönch St. Meese, 2002. 100 x 80 x 3,50 cm.
— Der weißliche Geilmönch, 2002. 100 x 80 x 3,50 cm.
— Die Kotzmozischen, 2002. 210 x 420 cm.
— Rübelzahlan Squawbach, 2002. 70 x 50 x 3,50 cm.
— Selbstportrait des Todes, 2002. 70 x 50 x 3,50 cm.
— Fra Fraguirre’s Lochmeesgesicht, 2002. 70 x 50 x 3,50 cm.
— Dr. Gott-Tier mit…, 2002. 210 x 140 x 2 cm.

Photo-collages :
— Sankt Ich I et II, 2002. 190 x 132 cm chaque.
 

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