ART

Labyrinthe invisible

PMuriel Denet
@12 Jan 2008

Minimal, ludique, interactif et déceptif, Labyrinthe invisible, le dispositif mis en place par Jeppe Hein à l’Espace 315 occupe l’intégralité de l’espace, visiblement vide. Des spectateurs y déambulent, esquissent des pas de danse, le plus souvent sourire aux lèvres, un petit casque vissé sur la tête.

Minimal, ludique, interactif et déceptif, le dispositif mis en place par Jeppe Hein à l’Espace 315 est assurément dans la lignée de ses œuvres précédentes. La proposition est simple, clairement énoncée par des pictogrammes limpides affichés à l’entrée de la galerie. Le Labyrinthe invisible en occupe l’intégralité de l’espace, visiblement vide. Des spectateurs y déambulent, esquissent des pas de danse, le plus souvent sourire aux lèvres, un petit casque vissé sur la tête. Ce sont les vibrations que celui-ci émet qui signalent l’obstacle d’un mur purement virtuel. Tel un cobaye de laboratoire, le spectateur recule, tourne sur lui-même, essayant de trouver son chemin, alors même qu’il est privé de la vue, son sens le plus précieux pour cela, et normalement sollicité par les arts plastiques.

Les six labyrinthes, un pour chaque jour ouvré, ont été dessinés à partir de modèles historiques, comme le sont, par exemple, le jardin à la française, ou Pacman, un jeu vidéo du siècle dernier. Mais ici, pas de but, pas de fin, seulement l’expérience de l’espace, aveugle les yeux ouverts, et la complicité implicite qui s’instaure entre les visiteurs, dont les corps actualisent le dédale du labyrinthe.

Comme dans d’autres œuvres de Jeppe Hein telles que les boules de néons de Enlightement qui s’éteignent à l’approche du spectateur, ou les bancs qui exhalent une fumée blanche quand il s’assoit dessus, sa curiosité est en quelque sorte punie, ou plus exactement, l‘interactivité de l’œuvre est négative, elle ne produit que fuite et déception.

Dans le Labyrinthe invisible, pour ne pas subir les vibrations intempestives, et se faire ainsi remarquer des autres, il faut obéir au dess(e)in de l’œuvre.
Cependant, comme toujours chez Hein, le plaisir et l’humour l’emportent. La transgression est possible, les murs sont traversables.
Immatérielle, l’œuvre est néanmoins un condensé hybride, qui se joue d’un mythe fondateur (le Minotaure), de la longue tradition des labyrinthes, et de l’art moderne et contemporain auxquels se réfèrent le cube blanc (de la galerie et de l‘art minimal), et l’interactivité.

Le labyrinthe, c’est aussi celui-là bien sûr, celui qui se perd dans ces strates invisibles, totalement mental.

Labyrinthe invisible, 2005. Installation.

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