LIVRES

La Voix du regard n°16 : Croire et faire croire

Foi ou désir de croire ? Quatre thématiques et de nombreuses interventions en tous domaines pour tenter d’y voir plus clair. Quelle est la part de la manipulation ? de la mystification ? Quel crédit accorder à ce que l’on voit ? ce que l’on lit ?

— Directeur de la rédaction : Jocelyn Maixent
— Éditeur : La Voix du regard
— Parution : automne 2003
— Format : 26,50 x 19,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en noir et blanc
— Pages : 304
— Langue : français
— ISBN : 2-9518801-1-1
— Prix : 20 €

Appétit de carton-pâte
par Jocelyn Maixent (extrait, p. 2)

Croire et faire croire, à y regarder de plus près, n’entretiennent pas les relations que des préjugés rapides invitent à concevoir. Ce numéro inverse en effet la perspective : plutôt que de chercher en l’homme, forgé par plusieurs siècles de rationalisme, un esprit critique apte à le préserver des chausse-trappes du « faire croire », beaucoup de contributions laissent apparaître qu’à l’origine même des pouvoirs du « faire croire », il y a notre désir de croire. Sur le sceptique, le « faire croire » a peu d’impact. Somme toute, foi, mensonge, manipulation et propagande ne font qu’orienter notre désir d’adhérer, bien plus qu’ils ne le créent. Notre propension à croire incarne ainsi tout à la fois le principe et la raison d’être de la littérature, des images et de la vie elle-même, tant il est vrai que ne croire en rien balaie toute raison d’exister. L’art serait ainsi porteur de cette croyance qui nous rattache au monde, comme le soulignait Gilles Deleuze à propos du cinéma dans L’image-temps : « Seule la croyance au monde peut relier l’homme à ce qu’il voit et entend. Il faut que le cinéma filme non pas le monde mais la croyance à ce monde, notre seul lien ». Croire et faire croire dépassent donc de loin l’opposition rituelle du vrai et du faux : c’est à l’échelle d’une énergie motrice, d’un enthousiasme et d’une passion, qu’ils doivent s’appréhender. La vie se nourrit des illusions qui la rendent acceptable. Et le souci de la Vérité ne résiste pas longtemps à notre indéfectible envie de faux-semblants.

(Texte publié avec l’aimable autorisation de Jocelyn Maixent)