ART | EXPO

La traversée des apparences

16 Mai - 23 Août 2008
Vernissage le 15 Mai 2008

Dans un parcours d’expositions qui relie Nice à Marseille, Alice Anderson interroge le conte, ce miroir tendu au spectateur, le dissèque et découvre derrière sa fantaisie une réalité amère.

Alice Anderson
La traversée des apparences

Au printemps 2008, au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur à Marseille, au Musée national Marc Chagall à Nice et à la Villa Arson dans le cadre d’une résidence, au musée national Pablo Picasso à Vallauris, Alice Anderson propose un parcours d’expositions en trois lieux intitulée Miroir Miroir.

D’un lieu à l’autre, elle nous invite à suivre le fil roux d’un conte de fées à la fois troublant et irrésistiblement séduisant – un conte qu’elle tisse dans l’espace ténu qui existe entre la vie et la mort, entre le réel et l’imaginaire, entre elle et ses doubles. Pour l’artiste, Rapunzel recluse, Alice errant au pays des merveilles, Barbe Bleue et sa marque indélébile sont autant de reflets d’une identité multiple, insaisissable. Le conte est un miroir tendu au spectateur. Il nous reste à l’interroger ou, comme l’héroïne de Lewis Carroll, à le traverser pour rejoindre des contrées imaginaires.

L’exposition «La traversée des apparences» au FRAC constitue le deuxième volet du parcours auquel nous convie Alice Anderson. Dans les premières salles, elle se penche sur le miroir du conte pour interroger son passé et son identité. Elle imagine des histoires fantasmagoriques à partir de situations, d’objets qui lui rappellent son enfance et réveillent en elle des sentiments violents. Sous une apparence séduisante et sucrée, elle parle de la cruauté des relations familiales, de la brutalité des images cachées dans les arcanes de la mémoire. Dans la série de photographies intitulée Souvenirs-écrans en référence à l’écran cinématographique et au concept de Freud, elle habille de fantaisie ses souvenirs d’enfance comme pour les tenir à distance. En y projetant rêve et couleur, elle en souligne aussi l’artificialité et révèle les obstacles inhérents à toute quête d’identité. Par la suite, Alice Anderson s’aventure au-delà du miroir. Traverser le miroir, c’est vivre (ou revivre) ce moment de solitude, de questionnement et de souffrance intime qu’est le passage de l’enfance à l’âge adulte. Au travers de trois de ses contes filmiques – Souffler n’est pas jouer, La femme qui se vit disparaître et Barbe Bleue – l’artiste décrit la frayeur de l’enfant contraint de rompre avec ses liens antérieurs et le déchirement qu’engendre la séparation.

L’isolement, réel et symbolique, qu’il doit endurer pour se construire, pour accéder à un niveau supérieur de conscience est matérialisé, dans les films comme dans l’exposition, par des espaces clos, oppressants, angoissants. L’espace d’exposition, comme celui du conte, est régi par des déformations et présente les fantaisies chromatiques si caractéristiques des récits merveilleux. L’univers ainsi créé séduit et inquiète à la fois, révélant tout l’enjeu de l’oeuvre d’Alice Anderson : derrière la fantaisie et le jeu se cache une réalité amère.

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