ART | EXPO

La passion selon Carol Rama

03 Avr - 12 Juil 2015
Vernissage le 02 Avr 2015

Dans une lecture mi-chronologique, mi-thématique, la scénographie de cette rétrospective de l’artiste italienne Carol Rama dévoile toute la complexité obsessionnelle de son œuvre. Figure solitaire et excentrique, Carol Rama a cependant traversé tous les mouvements d’avant-garde du XXe siècle: surréalisme, art concret, pop art, arte povera, art brut…

La passion selon Carol Rama

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente, pour la première fois en France, une rétrospective de l’artiste italienne Carol Rama. Marginalisée par l’histoire de l’art et par le mouvement féministe, l’œuvre de Carol Rama a traversé tous les mouvements d’avant-garde du XXe siècle (surréalisme, art concret, pop art, arte povera, art brut…), tout en restant inclassable. La férocité de son travail, qui oscille entre l’abstraction et la figuration, invite à revisiter les courants artistiques officiels mais aussi les catégories établies.

L’exposition «La passion selon Carol Rama» révèle les multiples facettes du travail de cette artiste. La scénographie entend reprendre l’image d’une «anatomie» fragmentée, dans une lecture mi-chronologique, mi-thématique, la plus à même de dévoiler toute la complexité obsessionnelle de l’œuvre de Carol Rama.

Cet œuvre forme un corps hybride, où les sujets et les techniques ne font qu’un : de la bouche-aquarelle au pénis/sein-caoutchouc, en passant par l’œil-bricolage. Ces différentes séries, en apparence hétérogènes dans leurs thématiques et dans leurs matériaux, dessinent un ensemble cohérent autour de sujets tels que la folie, le fétichisme, l’ordure et le dévalué, le plaisir, l’animalité, la mort.

Autodidacte, née en 1918 à Turin et issue d’une famille bourgeoise catholique traditionnelle, Carol Rama déclare: «je n’ai pas eu besoin de modèle pour ma peinture, le sens du péché est mon maître». Depuis ses premières aquarelles censurées des années 1930, elle invente son propre système visuel, contrastant avec les représentations modernistes et normatives dominées par la vision masculine.

Carol Rama se tourne vers l’abstraction à partir de 1950, se rapprochant de l’art concret, dont elle livre une vision organique. Vingt ans plus tard, elle crée une «image-matière» à partir de pneus découpés, d’une facture minimale et sensuelle. En 1980, elle revient à la figuration, avec des aquarelles peintes sur des planches d’architecture. Sa dernière grande série réalisée dans les années 2000, qui s’inspire de la «mucca pazza» (épidémie de la vache folle), consiste en des compositions provocantes en caoutchouc, que l’on pourrait qualifier de «povera queer».

Figure solitaire et excentrique, loin des collectifs et des modes, Carol Rama a cependant, tout au long de sa vie, fréquenté des artistes et des intellectuels, tels que Carlo Mollino, Edoardo Sanguineti, Lea Vergine, Man Ray, Pasolini ou Andy Warhol. Elle apparaît aujourd’hui comme une artiste incontournable pour comprendre les mutations de la représentation du XXe siècle. Lion d’or à la Biennale de Venise en 2003, et à nouveau présenté dans l’édition 2013, son travail suscite aujourd’hui un grand intérêt auprès des institutions, des historiens de l’art et des artistes.

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