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La passion des limites

04 Mar - 09 Avr 2016
Vernissage le 03 Mar 2016

La galerie lyonnaise Domi Nostrae présente «La passion des limites», une exposition consacrée à Paul-Armand Gette, artiste qui se plait à jouer avec les limites, en particulier celles qui séparent le sensuel de l’indécent. Paul-Armand Gette fait l’objet de deux autres expositions se déroulant aux mêmes dates: «Le toucher», présentée à l’Urdla (Villeurbanne) et «Évolution, avec un R c'est encore mieux», visible au Centre d’Arts Plastiques de Saint-Fons.

Sous le titre «La passion des limites», l’exposition présentée à la galerie Domi Nostrae explore le goût affirmé de Paul-Armand Gette pour les marges de liberté offertes dans le domaine de l’art. L’oeuvre, aux modulations complexes, révèle une attention aux détails et un soin particulier pour la mise en scène (que les oeuvres soient photographiques, sculpturales ou composites). Par des raccourcis autant physiques que métaphoriques, Paul-Armand Gette esquisse un espace de sensorialité.

L’exposition «La passion des limites» propose un parcours dans l’intimité d’un oeuvre en perpétuel retour sur lui-même, auto-référentiel et souvent mis en miroir, articulé aux divers champs de l’art. De simples allusions et suggestions sensuelles ne cachent pourtant pas les références à l’histoire de l’art, à la littérature et à certains mythes gréco-romains, librement traversés par la figure d’Alice, chemin faisant dans un univers accueillant de nombreuses autres Nymphes émancipées.

De salles en salles, nous passons des premiers travaux sur la plage en présence de jeunes modèles enfants (1970) puis adolescents (à partir de 1983), vers les thèmes du bain puis du camouflage, pour nous conduire à découvrir les plus intimes atours de la déesse. La plupart des images photographiques sélectionnées sont des vues rapprochés du corps féminin qui s’étire, se dévoile ou se camoufle. Les compositions photographiques, les sculptures, les dessins aquarellés ou les collages démontrent comment l’espace, dont il est continuellement question, ne revêt pas seulement une qualité physique de sensations et de perceptions; il est également mental et entrouvre celui de nos pensées et de notre imagination.

Toutes les oeuvres portant sur l’intimité relèvent de l’insatiable appétit de l’artiste à pointer les mécanismes même de la relation ambiguë que nous entretenons à l’égard des images: entre désir et répulsion, entre convoitise et interdits. Maintenue, mesurée, établie, la distance intéresse Paul-Armand Gette car elle est inhérente aux principes de la représentation. Se rapprocher ou s’éloigner du modèle (qu’il soit naturel ou vivant) active la mise au point, la mise au net facilitée par la technique photographique. Cet exercice concerne le voir dans sa perception du toucher, il interroge la place du spectateur et sa partie prenante. C’est pourquoi les recherches de Paul-Armand Gette explorent l’équivoque et l’ambiguïté où sont conservées toutes les saveurs d’un jeu avec l’imprévisible. Rester à la lisière, permet à l’artiste d’échapper à «l’enfermement des étouffantes certitudes» pour oeuvrer sur d’autres territoires.

Le désordre occasionné dans les esprits à la vue des images est provoqué comme procédé de subversion des codes et des pratiques; là s’exerce à son paroxysme sa passion pour les limites du convenable. Si Paul-Armand Gette situe toute sa démarche sur la frange d’incertitude que représente la lisière, c’est qu’elle initie un sens de la transgression, elle invite au saut, à l’enfreinte. Le franchissement transgressif de la frontière, le surlignage des écarts entre les genres, les domaines et les espaces, signent une stratégie du débordement qui conduit à appréhender plus largement ce travail selon ses accointances à la liberté. Propositions largement paysagères, les oeuvres condensent et ouvrent sur un univers de merveilles qualifiant l’exploration poétique.

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