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La part abyssale

02 Juin - 30 Sep 2012
Vernissage le 02 Juin 2012

S’inscrivant dans l’histoire de l’art récente, Erick Beltrán fait du langage et des images une installation graphique. Telles des machines philosophiques, ses œuvres cristallisent des idées qui prolifèrent comme une forêt de signes où la science et l’objectivité se teintent de magie et de mystère.

Erick Beltran
La part abyssale

Le travail d’Erick Beltrán prend souvent la forme de supports imprimés, journaux, tracts, éditions, et plus récemment de sculptures, d’architectures de textes et d’images qui se propagent dans les espaces d’exposition… Il se passionne pour la manière dont l’information circule et s’organise, tout en conditionnant notre manière d’appréhender le monde. Plus largement, c’est le langage et notre rapport à la connaissance qui sont au cÅ“ur de sa démarche: ses diagrammes, schémas, systèmes graphiques sont autant de tentatives d’expliquer le monde, dont les diverses formulations produisent des effets visuels labyrinthiques.

Rentrer dans le travail d’Erick Beltrán, c’est s’aventurer dans une cartographie mentale qui se déploie à l’échelle d’un lieu, et dans laquelle il faut accepter de se perdre. Telles des machines philosophiques, ses œuvres cristallisent des idées qui prolifèrent comme une forêt de signes, où la science et l’objectivité supposées de la démonstration se teintent d’une part d’irrationnel. Erick Beltrán produit pour la synagogue de Delme une nouvelle installation, qui occupe le vide central de l’architecture, et plonge le corps comme le regard du spectateur dans un gouffre de textes et d’images mêlés. La structure conçue par Beltrán prend deux aspects différents selon le point de vue: depuis le rez de chaussée, c’est un arbre pyramidal qui grandit et s’élève dans les airs; depuis l’étage, c’est un abysse, une plongée vers le tréfonds de la psyché humaine. Car c’est bien de cela dont il s’agit: l’arbre pyramidal condense les recherches les plus récentes de l’artiste autour des notions de conscience individuelle et collective, partant du postulat que le Moi n’existe pas, qu’il serait une pure construction idéologique, une échelle de valeur à partir de laquelle la pensée moderne occidentale a construit une grille de lecture du monde largement complaisante.

Pour Erick Beltrán, il n’y a pas d’unité du Moi, en lutte permanente avec le collectif. De cette tension entre groupe et individu, naît l’illusion que l’être humain est traversé par un ensemble de voix, multiples et fragmentaires. C’est une telle image qui nous constitue, et nous pousse en même temps vers cette «part abyssale», ce trou noir de la conscience, à la fois abstrait et infini, dans lequel nous n’aurons jamais fini de tomber. Se penchant sur des anomalies, des faits étranges et inexpliqués du comportement humain, Erick Beltrán se demande qui parle en l’Homme lorsque celui-ci sombre dans la folie ou l’hystérie collective. Quelle nouvelle conscience vient parasiter la conscience, lorsque celle-ci semble s’effacer au profit des penchants les plus sombres de notre humanité?

Au-delà de la part métaphysique du projet, la proposition d’Erick Beltrán est un dispositif éminemment visuel qui engage le corps autant que l’esprit dans une structure qu’il faut aborder comme un outil de navigation. Cet outil nous permettrait de repenser la nature des idéologies dominantes, et de proposer d’autres systèmes de valeurs et de relations.

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