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La nuit sera noire et blanche. Barthes, La Chambre claire, le cinéma

Si La Chambre claire de Roland Barthes est devenue une référence, l’histoire de cet ouvrage est encore mal connue. Jean Narboni, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma et éditeur du texte du théoricien, retrace la genèse du livre, puisant dans ses souvenirs personnels, entre récit et essai.

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Présentation
Jean Narboni
La nuit sera noire et blanche. Barthes, La Chambre claire, le cinéma

En 1980, La Chambre claire. Note sur la photographie de Roland Barthes est le premier livre à paraître au sein d’une collection née d’une coédition entre Gallimard et les Cahiers du cinéma. C’est aussi le dernier livre de Roland Barthes, qui meurt des suites d’un accident le 25 mars de la même année. Depuis, La Chambre claire est devenu un classique, et ses hypothèses sur la photographie ont depuis été reprises et discutées partout, à commencer par la distinction entre «punctum» et «studium».

Mais l’histoire de ce livre n’a quant à elle jamais été dûment racontée. Les circonstances de son écriture, le caractère particulier du lieu double et même triple – aux Cahiers et à Gallimard il faut en effet ajouter le Seuil – restent peu ou mal commentés. Tantôt on sous-évalue, tantôt au contraire on surestime le rapport de Roland Barthes au cinéma et à la photographie. On parle d’une collection «Cahiers du cinéma» au sein de Gallimard ; on attache peu d’importance au choix des photos, et notamment au fait que la première, un polaroïd de Daniel Boudinet, est et devait être en couleurs.

En cette année du centenaire Roland Barthes, Jean Narboni a voulu revenir sur cette histoire. Critique et historien du cinéma, celui-ci la connaît bien, puisqu’après avoir été rédacteur en chef de la revue il fut à la fois fondateur des éditions au sein des Cahiers du cinéma et éditeur de La Chambre claire au sein de cette collection où paraîtront d’autres classiques (La Rampe de S. Daney, L’Homme ordinaire du cinéma de J.-L. Schefer…). Jean Narboni fut donc un témoin privilégié. Il a suivi pas à pas l’élaboration du livre, échangeant des lettres avec Roland Barthes, recherchant les droits des photos que celui-ci avait retenues, accompagnant le choix définitif de certaines et le rejet d’autres…

S’aidant aujourd’hui de ces documents demeurés inédits – photos, lettres…–, Jean Narboni propose de retracer la «genèse d’un livre» dans un texte extrêmement personnel qui tient à la fois du récit et de l’essai. Il raconte la fabrication du livre, il s’attarde sur le compagnonnage ancien – remontant au début des années 1960 – entre Roland Barthes et les Cahiers. Il livre une lecture approfondie de ce grand texte qu’est La Chambre claire, sous un angle tantôt génétique et tantôt biographique, et sous plusieurs signes à la fois: l’autobiographie et la théorie; la photographie et le cinéma; Jean-Paul Sartre auquel le livre est dédié et le grand absent de celui-ci, dont l’ombre plane pourtant au-dessus de chaque page; André Bazin, critique, théoricien et co-fondateur des Cahiers du cinéma.