ART | EXPO

La marge d’erreur

22 Mar - 01 Juin 2008
Vernissage le 21 Mar 2008

La marge d’erreur présente à Delme plusieurs oeuvres issues de P2P, en regard d’autres oeuvres, dont certaines sont produites pour l’occasion. Si l’exposition au Luxembourg évoque les notions de série, de multiple, de copie, ou de citation, La marge d’erreur engage quant à elle une réflexion sur les écarts volontaires que suscite le phénomène de reproduction.

Michel Blazy, Conny Blom, Daniel Buren, Michael Elmgreen & Ingar Dragset, Mark Geffriaud, Felix Gmelin, Jacques Julien, Jonathan Monk, Perroquet Tout S’écroule, Didier Rittener, Simon Starling, Damiel Thomen, Raphaël Zarka
La marge d’erreur

Dans la répétition de formes ou de gestes, c’est la difficulté de la copie conforme qui s’éprouve, comme ce papier froissé que Mark Geffriaud demande à un origamiste de reproduire plusieurs fois à l’identique. À l’inverse, le plaisir de formes assurées d’être uniques se manifeste dans les sérigraphies déchirées par Daniel Buren, ou les cintres déformés par Jonathan Monk. La répliquepar les artistes de certaines de leurs oeuvres est l’occasion de les percevoir de manière nouvelle :

Jacques Julien reproduit ses sculptures à une échelle intermédiaire, entre la maquette et le monument, tandis que Didier Rittener adapte à l’espace son oeuvre Danger Zone, alignement au sol d’une série de polyèdres noirs. 

Des variations peuvent aussi intervenir dans la reprise (ir)révérencieuse de certaines œuvres historiques. Raphaël Zarka propose un montage de films de skate dont il ne conserve que les figures effectuées sur des sculptures d’art moderne, devenant un terrain de jeu et d’expérimentation hors norme. Elmgreen & Dragset imaginent une pièce de théâtre dont les personnages sont des sculptures emblématiques de l’art du XXe siècle. Quant à Felix Gmelin, il s’attache à reproduire à l’identique une performance berlinoise des années 1960, dont les connotations politiques changent, à l’épreuve d’un temps et d’un lieu différents. Enfin, quand Conny Blom monte plusieurs silences, volés entre deux plages musicales, c’est la diversité des silences possibles qui devient palpable pendant 4 minutes 33, en référence à une célèbre partition de John Cage.

Certains standards formels permettent aussi aux artistes de proposer des mises en oeuvre décalées :

le groupe Perroquet tout s’écroule conçoit la mémoire de ses improvisations musicales sous forme d’édition papier ; Daniel Thomen présente un parasitage sonore sous la forme d’une sculpture minimale, dont il faudra intercepter le son ailleurs et Simon Starling reproduit une exposition photographiée dans les années 1930, dans le seul but de la photographier à son tour. Enfin, la part d’erreur et d’aléatoire trouve chez Michel Blazy un écho tout particulier : l’installation se délite progressivement, soumise aux contingences de la matière qui la constitue.

En réponse à l’architecture de la Synagogue, les oeuvres, disposées selon un axe de symétrie variable, tissent entre elles accointances et dissonances. Ainsi, de déplacements savamment dosés en hasards provoqués, la marge d’erreur…

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