ART | EXPO

La Chambre interdite

08 Oct - 20 Nov 2005
Vernissage le 07 Oct 2005

Portraitiste version contemporaine, l’artiste s’attaque aux contes de fées de notre enfance et propose une quadruple adaptation sanglante de l’histoire de Barbe-Bleue. Elle dissèque la société actuelle, mettant en parallèle une violence fantasmée et celle qui nous entoure au quotidien.

Rebecca Bournigault
La Chambre interdite

Le Palais de Tokyo présente la nouvelle installation de Rebecca Bournigault, La Chambre interdite. Cette oeuvre énigmatique est une charnière dans le travail de l’artiste, impliquant une nouvelle matière et un dispositif original. Menant actuellement des recherches sur le conte de Barbe-Bleue de Charles Perrault et d’autres contes similaires dans le monde (Mr Fox en Angleterre, Barbe-Bleue et L’Oiseau d’Ourdi des frères Grimm en Allemagne, contes anciens asiatiques, africains, amérindiens…), l’artiste en approfondit plastiquement les enjeux psychanalytiques (tels qu’on peut les trouver exposés dans La Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim).
Le conte de Charles Perrault explore le thème de la chambre interdite, un thème qui rejoint certaines des préoccupations majeures de Rebecca Bournigault dans le champ des arts plastiques. Là où le conte, élément fondateur de la socialisation des individus, participe dans l’inconscient collectif au développement de nos sociétés, l’oeuvre de Rebecca Bournigault implique le spectateur et l’oblige à se positionner par rapport à ses propres valeurs, ses peurs et ses tabous, ainsi que ceux de la société dans laquelle il vit et évolue. L’artiste pousse le spectateur à se mesurer physiquement à l’oeuvre et crée un rapport d’intimité entre eux.

Les contes de fées pour les enfants ont un effet de catharsis. Ici, l’adulte (le spectateur) est confronté à une violence inattendue et se retrouve dans une certaine forme de contradiction avec l’effet apaisant de la narration. Le rapport que nous avons au cinéma, et de manière plus générale à l’image, en tant que «surconsommateurs» d’images et d’histoires, s’en trouve questionné sous sa forme la plus banale et la plus quotidienne, à partir de cette même violence qui alimente notre inconscient. La Chambre interdite condense ces enjeux et pousse le visiteur, enfermé dans l’installation, à la réaction.

Quatre films projetés sur les quatre murs d’une pièce close plongent le spectateur dans l’atmosphère mystérieuse du conte de Barbe-Bleue. Sur chaque écran, un comédien raconte la version de cette histoire dans sa langue maternelle (français, anglais, argentin, allemand). L’usage des différentes langues troublent le spectateur, qui suivant sa langue maternelle comprendra une, plusieurs voire aucune des histoires racontées. Ce trouble le replace dans un état d’enfance et d’innocente confusion, à l’époque où Barbe-Bleue lui faisait effectivement peur, une peur bleue.

 

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