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Kunst bleibt Politik

27 Avr - 27 Mai 2017

L’exposition « Kunst bleibt Politik » à la galerie parisienne Maïa Muller rassemble les œuvres de sept artistes contemporains. Des peintures de Manuel Ocampo aux photographies de Myriam Mihindou est réaffirmée la portée politique de l’art.

L’exposition « Kunst bleibt Politik » à la galerie Maïa Muller, à Paris, rappelle la dimension politique que ne cesse de porter l’art, à travers les œuvres de sept artistes contemporains : Jean-Michel Alberola, Gaston Damag, Myriam Mihindou, Philip Grözinger, Hassan Musa, Mega Mingiedi et Manuel Ocampo.

« Kunst bleibt Politik » : l’art reste politique

Le titre de l’exposition, « Kunst bleibt Politik » (L’art reste de la politique), reprend celui d’une exposition que Daniel Buren avait organisée en 1974 à la Kunsthalle de Cologne. Daniel Buren entendait alors protester contre l’exclusion d’une Å“uvre de Hans Haacke de l’exposition « Kunst bleibt Kunst » (L’art reste de l’art), dans laquelle l’artiste allemand dénonçait la dépendance des musées vis à vis de fonds privés et, plus globalement, les liens existant entre les milieux des affaires, de la politique, et de l’art et de la culture.

Dans son exposition de 1974, Daniel Buren avait affiché une déclaration visant à défendre Hans Haacke contre la censure dont il était l’objet et à dénoncer à son tour « la farce de la liberté accordée aux artistes ». En reprenant aujourd’hui ce titre, l’exposition souligne combien la question de la valeur politique de l’art demeure pertinente. Elle engage une réflexion sur le statut et le rôle des artistes.

De la peinture transgressive de Manuel Ocampo aux rébus protéiformes de Jean-Michel Alberola

La peinture transgressive de Manuel Ocampo se nourrit de questions, de références et d’imagerie politiques. Ainsi dans le tableau intitulé Problems with style, un rat aux ailes de diable tenant dans ses mains une croix gammée se tient devant un tas de pièces sur lequel est posé le globe terrestre lui-même surmonté d’une bougie éclairant la scène. Deux figures squelettiques et déliquescentes mais dont le visage est intact lui font face : celles de Marx et de Lénine. Ce tableau est représentatif de l’œuvre provocante de Manuel Ocampo dans laquelle se télescopent les éléments les plus disparates, issus de la culture populaire, de l’iconographie religieuse ou idéologique et de l’histoire de l’art, pour mieux renverser tous les ordres établis.

Chez Myriam Mihindou, la réflexion politique adopte au contraire une forme moins frontale, plus subtile. Ainsi, la série de photographies intitulée Les Poilues souligne par la suggestion la participation des femmes aux combats qui se déroulent actuellement à travers le monde et l’importance du rôle qu’elles y jouent. Ces clichés réalisés à notre époque reprennent le noir et blanc et le cadrage typiques de la photographie engagée, telle que l’a incarnée l’agence Magnum après la Seconde Guerre mondiale.

L’œuvre de Jean-Michel Alberola intitulée La survie du mouvement dépend de la chute du pouvoir associe plusieurs techniques sur papier. Elle mêle la peinture et l’écriture selon un procédé habituel au plasticien qui fait de ses toiles des rébus à déchiffrer dont les différents éléments renvoient autant à son histoire personnelle qu’à des sujets politiques ou sociaux.

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