ART | RENCONTRE

Jeune création

29 Avr - 11 Mai 2013
Vernissage le 29 Avr 2013

Jeune Création et la galerie du Tableau s’associent à la géographie des capitales européennes de la culture avec une exposition inaugurale qui propose une rencontre entre Richard Conte, artiste français, et Jirí Kornatovsky, artiste tchèque et professeur à Pilsen.

Richard Conte, Jiri Kornatovsky
Jeune création

Ce rendez-vous européen entre deux artistes et deux commissaires est le point de départ d’échanges, de mises en lien et de circulation pour les artistes. Jeune Création initie ainsi une histoire à plusieurs voix ou à plusieurs mains avec à venir d’autres rencontres.

Richard Conte
Richard Conte est artiste plasticien; il pratique à la fois la peinture, la performance, la vidéo et le le bio-art. Il est aussi universitaire, professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur de l’Institut ACTE (Art / Création / Théorie/ Esthétique) UMR CNRS.

Bille en tête est une performance collective qui a eu lieu le 15 juillet 2004.

Le but du jeu a consisté à créer avec le plus grand nombre possible de joueurs de pétanque et de Lyonnaise de la région, un vaste dessin de boules au sol, sur le carré d’honneur de l’espace Michel Vannier à Chalon-sur-Saône en ouverture du Festival Chalon-dans-la-rue.

L’artiste trace les ronds aux endroits qui lui semblent les plus propices, en fonction de la configuration générale et progressive du dessin de boules. Chaque équipe joue une seule «mène» et laisse les boules au sol à la place exacte où, selon leur trajectoire, elles sont arrivées. Au fil des minutes, il reste de plus en plus de boules sur le terrain constituant une sorte de cartographie (boulographie) analogue aux constellations dans le ciel. La densité de cette réalisation est dépendante du nombre de joueurs complices. Il est resté à la fin plus de 300 boules au sol.

A la Galerie du Tableau, seront présentés trois grands tirages photos Diasec de la performance et une vidéo de 12mn de l’événement.

«Le maître du jeu
A Edimbourg, en Ecosse, à la fin du XIXème siècle, le biologiste et théoricien de l’urbanisme, Patrick Geddes, avait installé au sommet d’une tour médiévale, un observatoire avec un trou ménagé à son sommet. A travers ce trou, l’image de la ville est reflétée sur une table circulaire blanche. En observant cette surface, on voit les toits des maisons, les rues du quartier, le passage des voitures et des personnes minuscules. On est comme Gulliver chez les lilliputiens.
Le caractère saisissant du dispositif tient en partie à ce que l’on observe tout cela sans être soi-même exposé aux regards. Nous avons beau avoir regardé des milliers d’images de photographie aérienne elles n’en demeurent pas moins troublantes et nous ne parvenons toujours pas à nous familiariser avec elles.
Leur étrangeté, due, entre autres choses, à leur haut degré d’abstraction, nous rend perplexe et nous fait douter de ce que nous voyons. S’élever ainsi dans les airs correspond assurément à un rêve de liberté, mais nous donne aussi une leçon de modestie en même temps qu’un certain sentiment d’insécurité. Car ce que nous voyons–là est-ce bien notre monde? Est-il bien sûr que ces étranges petits points sont vraiment des hommes?
Ces questions qui suspendent l’évidence des choses, le dispositif de Richard Conte nous en donne une version plastique en travaillant sur l’idée de jeu collectif. Les boules de pétanque, envoyées par les joueurs de différents clubs depuis des cercles préalablement tracés, dessinent au sol des sortes de systèmes solaires dont le cochonnet serait le centre autour duquel graviteraient les boules.
Une image qui ne doit pas nous faire oublier le mouvement des hommes eux-mêmes, attirés par le jeu et qui encerclent à leur tour les bouchons dont ils tentent à chaque fois de se rapprocher. Cette chorégraphie orchestrée par l’artiste n’a qu’un véritable meneur de jeu: le hasard.
Vue du ciel, grâce à un ballon captif, cette projection est une inversion ironique des mondes: celui de la sphère céleste est sujet aux aléas des vents qui déportent l’aérostat. Le plus important est ce que l’on ne voit plus: le jeu des participants de cette fête éphémère dont nous conservons une trace dans les photographies et les films.
Ce que nous rappelle l’artiste, c’est que le plus important n’est pas là, que les corps manquent aux images, que c’est leur contingence qui les anime plus que la mécanique qui nous permet de les prendre ou de les projeter et que, comme Geddes pouvait l’observer de sa tour, une mystérieuse attraction les fait graviter les uns autour des autres donnant à la société des hommes l’aspect d’une fragile constellation.» Gilles A. Tiberghien

Jiri Kornatovsky
Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Prague, il enseigne actuellement à l’Institut de l’art et du design de l’Université de la Bohême.

«Son dessin en grand format Méditation–Tibet permet au visiteur de plonger dans la vision transcendantale du monde de l’auteur, transposée sur le papier ou sur la toile par des coups de crayon précis.
Un grand nombre de dessins de Kornatovsky a été créé dans l’atelier de son appartement de Prague. Les dessins en grand format qui reflètent ses méditations et contemplations d’artiste, sont absolument uniques. L’immersion dans la forme spirituelle de l’œuvre fait penser à la concentration des anciens maîtres de la calligraphie chinoise ou japonaise. Ce n’est pas exceptionnel que les dessins de Kornatovsky aux dimensions presque plus grandes que nature atteignent jusqu’à cinq mètres de longueur. L’observateur se perd facilement dans la dynamique de rotation du hachurage jusqu’à en faire partie. Il entre dans la prière créée par l’artiste et se laisse emporter par son pouvoir de méditation.
Les dessins sont créés par un geste extatique et spontané dans un laps de temps assez court où la plus grande partie du travail est commencé mais dont l’achèvement s’étend ensuite sur dix ans ou plus.
La technique de linéarisation et d’hachure dans le mécanisme représenté est en fait la méditation dont les formes et l’effet esthétique sont déterminés ou limités par le format de la feuille, par l’état physique du moment de l’artiste et par le temps dédié à la création artistique. Il ne cherche pas à atteindre une certaine forme esthétique ou un concept précis. Il cherche à refléter directement une expérience vécue et à transformer la réalité en signes et en formes, dotés de significations multiples allant au-delà de notre existence présente pour se transformer ensuite en une prière personnelle.
Les années 1980 ont apporté une bouffé d’énergie aux arts plastiques tchèques, avec la création de nouveaux groupes artistiques, l’apparition de nouvelles personnalités et l’ouverture de la porte sur la scène internationale. Nous pouvons attribuer en toute légitimité à Jirí Kornatovsk une place à part dans ce courant générationnel au sein duquel il poursuit son œuvre en y laissant une trace importante.» Helena Fenclová

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